Les troubles, qui se sont produits dans la ville de Woldiya, dans la région d'Amhara, sont les derniers en date depuis le début, en 2015, de grandes manifestations où des centaines de gens ont été tués et qui représentent un des plus grands défis au parti au régime autoritaire au pouvoir depuis 27 ans.
Les victimes de Woldiya ont trouvé la mort pendant les célébrations, jeudi et vendredi derniers, par l'Eglise orthodoxe éthiopienne de l'Epiphanie et du baptême de Jésus-Christ, la fête de Timkat, qui est accompagnée de processions et baptêmes collectifs.
Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut commissaire aux droits de l'homme, a précisé que les forces de sécurité auraient commencé à tirer sur des gens lançant des slogans anti-gouvernementaux à cette occasion.
Les Nations unies "sont préoccupées par l'usage de la force par des membres des forces de sécurité contre des fidèles", a déclaré la porte-parole.
"L'incident est d'autant plus regrettable qu'il est survenu deux semaines seulement après que la coalition au pouvoir en Ethiopie, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens, eut officiellement annoncé son intention de procéder à des réformes", a-t-elle souligné.
"Nous appelons les autorités à s'assurer que les forces de sécurité prennent toutes les mesures possibles pour prévenir l'usage de la force", a ajouté la porte-parole.
L'un des principaux responsables de l'opposition éthiopienne, Merera Gudina, a été libéré de prison mercredi dernier dans le cadre d'une amnistie décidée par le gouvernement en faveur de plus de 500 personnes, mais beaucoup d'autres restent détenus.
La libération de M. Merera figurait parmi les principales demandes des protestataires oromo, la principale ethnie du pays, qui avaient lancé en 2015 une vague de manifestations anti-gouvernementales sans précédent en 25 ans.
Ces manifestations, qui s'étaient ensuite étendues à la région amhara (nord), avaient été violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant au moins 940 morts selon la Commission éthiopienne des droits de l'homme, liée au gouvernement.
Le calme - même si d'occasionnelles manifestations ont encore lieu dans la région oromo -, n'était revenu qu'avec l'instauration d'un état d'urgence entre octobre 2016 et août 2017.
Avec AFP