Le sinistre a été causé par un court-circuit dans l'unité néo-natale de l'hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh où se trouvaient les nouveau-nés, a dit le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr cité par la presse. L'unité a une capacité de 13 bébés; "Au moment de l'incendie il y en avait 11, que les infirmières n'ont pas pu sauver", a-t-il dit.
"Trois bébés ont été sauvés", a contredit pour sa part le maire de Tivaouane, Demba Diop. L'incendie a été causé par "un court-circuit et le feu s'est propagé très vite", a dit M. Diop, également député connu sous le nom de Diop Sy.
"Mon fils a été baptisé hier, il n'a que que neuf jours. La maternité était pleine et je pense qu'il n'y a pas de survivants", a dit dans la nuit une mère non-identifiée au site d'information Dakaractu.
Les personnalités se sont succédé sur place dans la nuit. Le président Macky Sall, en déplacement à l'étranger, a dépêché son ministre de l'Intérieur Antoine Diome. La cité d'environ 40.000 habitants est le fief des Tidianes, l'une des importantes confréries musulmanes qui jouent un rôle social essentiel au Sénégal, et son chef a lui aussi envoyé son représentant sur place.
"Je viens d'apprendre avec douleur et consternation le décès de 11 nouveau-nés dans l'incendie survenu au service de néonatalogie de l'hôpital" de Tivaouane, a tweeté le président Macky Sall. "A leurs mamans et à leurs familles, j'exprime ma profonde compassion", a-t-il ajouté.
"Cœur plus que brisé"
Au lever du jour, seul un véhicule de police placé à l'entrée de l'hôpital en bord de route signalait la tragédie survenue quelques heures auparavant. Des patients franchissaient, semble-t-il comme à l'accoutumée, le portail où des agents de sécurité filtraient les entrées. Les lieux de l'incendie sont invisibles de la route.
Les hôpitaux sénégalais ont connu d'autres drames récemment. Quatre nouveau-nés avaient succombé le 25 avril 2021 dans un incendie à Linguère, dans le nord du pays. Le maire et alors ministre de l'Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, avait évoqué un dysfonctionnement électrique d'une unité de climatisation dans la maternité.
Le 1er avril, Astou Sokhna, une femme d'une trentaine d'années enceinte de neuf mois, est morte à l'hôpital public de Louga (nord) après avoir, selon ses proches, vainement attendu dans de très grandes souffrances et pendant une vingtaine d'heures la césarienne qu'elle réclamait.
Face au tollé provoqué par la mort de Mme Sokhna, le président Sall avait donné pour instruction de chercher les responsabilités. Le directeur de l'hôpital a été révoqué et remplacé.
"Cette situation est très regrettable et extrêmement douloureuse. L'enquête est en cours pour voir ce qui s'est passé" à Tivaouane, a déclaré sur la radio RFM le ministre de la Santé qui a annoncé son retour jeudi de Genève où il assistait à une réunion de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le chef de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a tweeté avoir "le cœur plus que brisé".
"J'espère que cette fois les sanctions frapperont le sommet d'un système globalement défaillant" sans attendre que soient passées les législatives de juillet, a tweeté l'ancien Premier ministre sénégalais Abdoul Mbaye.
Le responsable de la section sénégalaise d'Amnesty, Seydi Gassama, "exhorte le gouvernement à mettre en place une commission d'enquête indépendante pour situer les responsabilités et sanctionner les coupables", sur Twitter.
"Encore des bébés brûlés dans un hôpital public. C'est inacceptable Macky Sall", a tweeté un député de l'opposition, Mamadou Lamine Diallo.
"Tout le sénégal est atterré", s'est émue la coalition d'opposition Yewwi Askan Wi qui a dit attendre que toute la lumière soit faite sur ce qui s'est passé et a annoncé suspendre toute activité politique dans le pays pendant 72 heures.