"Il y a eu une mutinerie qui a fait 11 morts (...) et 28 blessés", a déclaré à l'AFP Carlos Nieto, le directeur de l'ONG de défense des prisonniers Une fenêtre sur la liberté.
Les faits se sont déroulés jeudi dans le centre pénitentiaire Fénix, situé dans la ville d'Iribarren (nord) mais ont été rendus publics vendredi.
Un groupe de détenus a saisi l'arme d'un gardien, s'en est suivi un échange de coups de feu durant une vingtaine de minutes, a précisé l'ONG dans un communiqué citant les familles des victimes.
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Plusieurs des morts et blessés ont été touchés par des tirs ou des coups de couteau, précise le texte.
Ce nouvel épisode d'un fléau qui touche l'Amérique latine intervient deux jours du scrutin présidentiel dans un pays sous tension: ruiné par la crise économique, le Venezuela est déstabilisé par les tensions politiques, la pénurie généralisée d'aliments et de médicaments.
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Par ailleurs, depuis mercredi soir à Caracas des figures de l'opposition vénézuélienne détenues participaient à une mutinerie "pacifique" dans le centre de détention des services de renseignement pour demander la libération des prisonniers.
"Nous exigeons la libération de tous les prisonniers politiques. Aucun Vénézuélien ne doit être enfermé à cause de ses opinions et encore moins s'il bénéficie d'un ordre de libération" de la justice, demandaient ces prisonniers non armés dans une lettre ouverte publiée sur internet.
- Surpopulation carcérale -
Vendredi matin, les forces de l'ordre ont annoncé avoir repris le contrôle du bâtiment appelé "El Helicoide" à cause de sa forme. Quelque 250 personnes y étaient enfermées, dont 54 pour des raisons "politiques", selon l'ONG Foro Penal.
"Nous informons le pays qu'à cette heure les membres du Sebin (renseignements vénézuéliens) ont repris le contrôle de leurs installations", a assuré l'opposant Villca Fernandez dans un enregistrement envoyé à la presse depuis les cellules du bâtiment.
Selon Fernandez, la situation s'est normalisée jeudi soir après des négociations entre le parquet et le défenseur du peuple qui ont abouti au transfert de dizaines de détenus vers d'autres prisons.
Jeudi, le procureur général Tarek William Saab a annoncé le transfert de 72 prisonniers.
Ces épisodes sont loin d'être isolés.
Le 28 mars, 68 personnes sont mortes dans les cellules lors d'un incendie au commissariat de Valencia (nord) déclenché par les détenus.
Le drame -l'une des plus graves mutineries de l'histoire du pays - avait suscité la colère au Venezuela.
La surpopulation dans les prisons du pays oblige les forces de l'ordre à utiliser les commissariats comme lieux de détention de longue durée. Or, selon la loi, la détention ne doit pas excéder 48 heures dans ces locaux.
Début avril, cinq policiers, dont un haut responsable, ont été inculpés dans l'affaire de l'incendie.
Le surpeuplement représente 400% de la capacité d'accueil et au moins 388 personnes sont mortes depuis 2011 dans les prisons vénézuéliennes, selon les chiffres officiels et ceux des ONG de défense des droits de l'homme.
Avec AFP