Certes, il reste un troisième larron dans la course, Budapest, mais le Petit Poucet désigné, dont la candidature est menacée par un référendum d'initiative populaire, ne devrait pas faire beaucoup d'ombre aux deux ogres.
"Nous avons trois candidats solides pour 2024 mais sans l'Agenda 2020 (qui préconise des Jeux à moindre coût, ndlr), nous n'aurions eu aucun candidat pour les JO-2024", expliquait Thomas Bach, qui, interrogé sur cette option, n'a pas totalement écarté la possibilité d'un double vote à Lima.
Récemment interrogé par l'AFP, Christophe Dubi, directeur des JO au CIO, se veut pourtant catégorique: "On reste sur le processus 2024, on est très clair là-dessus".
Le président de Los Angeles-2024, Casey Wasserman, tout en rappelant que la métropole californienne ne visait que 2024, a lui récemment qualifié l'idée de double vote de "concept intéressant".
A Paris-2024, on s'en tient à un discours qui ne change pas: "Nous sommes exclusivement tournés vers 2024 car c'est le seul mandat de notre équipe et notre projet est seulement possible pour 2024", a indiqué à l'AFP Tony Estanguet, co-président du comité de candidature parisienne.
- L'objectif est clair -
Pour autant, selon d'autres sources proches du CIO, l'idée du double vote séduit.
Si Paris n'obtenait pas les Jeux, après ses échecs cinglants de 1992, 2008 et 2012, la capitale française ne repartirait pas dans la course.
Los Angeles, avec le poids des diffuseurs américains (Discovery a payé 1,3 md USD pour la période 2018/2024) tient le même discours.
L'objectif est donc clair: contenter les deux postulants qui possèdent déjà de nombreuses infrastructures et offrent toutes les garanties.
"Je sais que l'idée de double vote est d'actualité", a confié à l'AFP une source proche du CIO.
"Avant de se poser la question juridique, il existe une procédure claire pour 2024, celle pour 2028 n'est pas encore enclenchée. Les candidats devraient donc marquer leur accord pour cette double candidature. S'ils disent non, il sera difficile de leur imposer", ajoute cette même source.
Si les trois villes candidates disent oui, il faudra aussi obtenir l'accord de l'Association des comités nationaux olympiques (ACNO) et discuter en amont avec les Comités nationaux des pays déjà intéressés, Madrid ayant déjà manifesté son intérêt pour 2028.
D'un point de vue formel, "il faudrait profiter de la présentation aux membres du CIO en juillet à Lausanne pour proposer cette mesure. Il faudrait alors peut-être modifier la charte", ajoute cette source familière du mouvement olympique.
Un éventuel double vote "est une suggestion très pragmatique de lapart de Thomas Bach", juge Patrick Nally, spécialiste du marketing sportif et l'un des créateurs du programme TOP (The Olympic Partner) du CIO.
"M. Bach est conscient des difficultés du CIO. Il faut se souvenir qu'à l'époque des JO-1984 à Los Angeles, les Etats-Unis ont sauvé le CIO. Et grâce aux accords avec NBC et Coca Cola notamment, les USA sont devenus un marché très important", détaille M. Nally.
"L'une des plus grandes inquiétudes est de savoir ce qui se passera si Los Angeles ne l'emporte pas (pour 2024). Paris est certes une grande ville, qui a déjà été candidate plusieurs fois, mais d'un point de vue commercial, elle n'est pas aussi importante pour l'avenir du CIO", juge encore l'Irlandais.
Thomas Bach est "parfaitement conscient qu'il ne peut se permettre de contrarier et détruire le marché dont le CIO dépend le plus", ajoute M. Nally, par ailleurs président de la Fédération internationale de poker (IFP).
Si le double vote est accepté, la question est maintenant de savoir qui de Paris ou Los Angeles obtiendra d'abord les JO de 2024.
"M. Bach ne se soucie pas de savoir si ce sera d'abord Paris puis Los Angeles ou l'inverse. Ce qui compte vraiment pour lui est de ne pas les perdre", assure encore M. Nally.
Avec AFP