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L'Otan et la Russie discutent malgré leurs "désaccords profonds"


Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, à droite, et le ministre de la Défense ukrainien Stepan Poltorak, à gauche, s’apprêtent à participer à une réunion du Conseil Otan-Ukraine au siège de l'Otan à Bruxelles, le 25 juin 2015.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, à droite, et le ministre de la Défense ukrainien Stepan Poltorak, à gauche, s’apprêtent à participer à une réunion du Conseil Otan-Ukraine au siège de l'Otan à Bruxelles, le 25 juin 2015.

L'Otan et Moscou, en froid depuis le début de la crise ukrainienne, ont tenu de "franches discussions" à Bruxelles pour la première fois en près de deux ans, mais sans régler leurs "profonds désaccords".

Les ambassadeurs des 28 pays membres de l'Otan et l'ambassadeur de Russie se sont retrouvés pendant plus de trois heures mercredi matin au siège de l'Alliance à Bruxelles, pour la première fois depuis juin 2014, au sein d'une instance de dialogue, le Conseil Otan-Russie.

"Nous avons eu une réunion franche et sérieuse, en fait je pourrais dire très bonne", a commenté le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg.

"Nous avons pu échanger nos points de vue, nous écouter les uns les autres (...) ce qui est particulièrement important quand les temps sont difficiles comme en ce moment", a décrit M. Stoltenberg, en rappelant les incidents entre l'armée américaine et russe dans la mer Baltique la semaine dernière.

Mais l'Otan et la Russie "ont des désaccords profonds et persistants et la réunion d'aujourd'hui n'y a rien changé", a-t-il souligné, citant la crise ukrainienne qui a démarré avec l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014.

Pour protester contre cette annexion "illégale" et contre l'offensive des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine au printemps 2014, l'Otan avait suspendu toute coopération pratique avec Moscou, qu'elle accuse de soutenir les rebelles en armes et en troupes.

"La hausse récente des violations du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine est extrêmement perturbante, tout comme les incidents récents où des observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ont été attaqués" dans cette zone, a insisté M. Stoltenberg.

En théorie, les canaux de dialogue politique sont restés ouverts, mais les échanges se sont limités à quelques entrevues suivies de commentaires acrimonieux entre M. Stoltenberg et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Mercredi, l'ambassadeur de Russie auprès de l'Otan, Alexandre Grouchko, a dit vouloir attendre d'analyser les "résultats" de la réunion avant de pouvoir envisager une nouvelle rencontre dans ce format.

Ces discussions sont "un bon signe", "mais cela ne signifie pas que les divergences de vue sont résolues", a fait valoir mercredi la chancelière allemande Angela Merkel, l'un des rares dirigeants européens à avoir l'oreille du président russe Vladimir Poutine.

- 'Confinement' -

En décembre, sur fond de rapprochement avec Moscou en vue d'un règlement de la crise syrienne, où l'intervention de l'armée russe aux côtés du régime de Bachar al-Assad a profondément changé la donne, les Alliés ont décidé, sur impulsion des Etats-Unis, de tenter de ranimer le Conseil Otan-Russie.

Mais la liste des incidents, y compris avec la Turquie qui a abattu en novembre un avion russe à sa frontière avec la Syrie, a encore été allongée la semaine dernière lorsque des avions russes ont survolé de près et "dangereusement", selon Washington, un navire et un avion de reconnaissance de l'armée américaine en mer Baltique.

L'ambassadeur russe a dénoncé des "tentatives d'exercer une pression militaire sur la Russie" à proximité de l'enclave de Kaliningrad, près de la Pologne et de la Lituanie. "Pourriez-vous imaginer un destroyer équipé de missiles d'une portée de 2.500 km, qui pourraient être nucléaires, cabotant quelque part dans la baie de New York ?", a demandé M. Grouchko pour justifier la réaction de l'armée russe.

L'Otan, dont les hauts responsables militaires n'ont pas eu de contacts avec leurs homologues russes depuis le printemps 2014, demande "davantage de transparence et de prévisibilité" à la Russie sur ses exercices, et veut renforcer les mécanismes à activer en cas d'incidents militaires.

En réponse à la crise ukrainienne et inquiète des manœuvres russes mobilisant en quelques jours jusqu'à 100.000 soldats, l'Otan a déployé à l'Est avions de chasse et navires, stocké des armes et de l'équipement, et procédé à des rotations de troupes, musclant sa "défense collective" comme jamais depuis la Guerre froide.

La Russie a profité de la réunion pour dénoncer "la nature destructrice" de ce renforcement militaire qui vise, selon son ministère des Affaires étrangères, à "confiner militairement et politiquement notre pays".

"Sans réelles mesures de la part de l'Otan pour réduire ses activités militaires dans des zones touchant la Fédération de Russie, il ne sera pas possible d'engager un vrai dialogue pour restaurer la confiance", a prévenu l'ambassadeur Grouchko.

Avec AFP

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