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L'Otan et la Russie renouent le dialogue après le sommet de Varsovie


Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, à Bruxelles le 13 juin 2016.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, à Bruxelles le 13 juin 2016.

C'est la première fois depuis le sommet de Varsovie où l'Alliance a décidé de déployer jusqu'à 4.000 soldats à l'Est en réponse à la crise en Ukraine.

Les ambassadeurs des 28 pays de l'Alliance de l'Atlantique nord et leur homologue russe Alexandre Grouchko se sont retrouvés à 13h TU au siège de l'Otan à Bruxelles pour une réunion du "Conseil Otan-Russie", une instance de dialogue plongée dans un profond sommeil avec l'éclatement de la crise ukrainienne au printemps 2014.

Son principal objet est d'informer "la Russie des décisions importantes que nous avons prises à Varsovie la semaine dernière pour renforcer notre sécurité", a expliqué une porte-parole de l'Otan, Carmen Romero. La crise en Ukraine, la transparence militaire et la situation sécuritaire en Afghanistan sont également à l'ordre du jour.

Lors de leur sommet le week-end dernier à Varsovie, les dirigeants de l'Alliance ont entériné une nouvelle montée en puissance militaire à l'Est, en donnant leur feu vert au déploiement de quatre bataillons multinationaux dans les trois pays baltes et en Pologne à partir de 2017.

Encadrés par les Etats-Unis, le Canada, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ces bataillons devraient compter entre 600 et 1.000 hommes chacun. Leur déploiement près de la frontière russe a suscité le courroux de M. Poutine, qui a accusé fin juin l'Otan de vouloir entraîner son pays dans une course aux armements "frénétique" et de rompre "l'équilibre militaire" en vigueur en Europe depuis la chute de l'URSS.

Ces décisions "bien sûr, ne nous réjouissent pas", a insisté mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Il a regretté que l'Otan veuille "créer de toutes pièces un ennemi imaginaire (la Russie, ndlr) afin de resserrer les rangs et consolider les positions" de l'Alliance.

-Vols 'à l'aveugle'-

Moscou souhaite pour sa part soulever pendant cette réunion la question du "renforcement de la sécurité aérienne dans la région de la mer Baltique", point de tension alors que les pays baltes, membres de l'Otan, accusent les avions de l'armée russe de s'approcher de leurs frontières sans transpondeurs, ce qui complique fortement leur suivi et augmente les risques de collision.

Le 1er juillet, le président russe Vladimir Poutine s'était montré favorable à l'arrêt de ces vols "à l'aveugle".

Mercredi, à Bruxelles, M. Grouchko devrait "présenter les détails techniques" à ses homologues alliés pour éviter ce genre de vols à l'avenir. "On verra ensuite si cela peut servir de base pour relancer la communication par canaux militaires", interrompue depuis mai 2014, espère un haut diplomate à l'Otan, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

La Russie insistera également sur "les risques accrus apparus" à ses yeux "avec la mise en place du système antimissiles de l'Otan en Europe".

"Nous ne cherchons pas la confrontation", a assuré Mme Romero, selon laquelle l'Otan aimerait avoir "relation plus constructive avec la Russie, lorsque les actions de la Russie le rendent possible".

Pour protester contre l'annexion de la Crimée par la Russie et l'offensive des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine au printemps 2014, l'Otan avait suspendu toute coopération pratique avec Moscou, qu'elle accuse de soutenir militairement les rebelles.

Cette crise, qui a fait naître chez les anciens pays du bloc soviétique ayant rejoint l'Otan des inquiétudes pour leur propre intégrité territoriale, a poussé les 28 pays de l'Alliance à un renforcement militaire sans précédent depuis la fin de la Guerre froide.

L'Alliance a ainsi envoyé des avions de chasse supplémentaires pour aider les pays baltes à protéger leurs espaces aériens, et considérablement accru ses exercices. Des incidents, comme lorsque l'armée turque a abattu en novembre 2015 un avion russe qui avait pénétré sur son territoire depuis la Syrie, ont également envenimé les tensions.

Sur l'insistance de pays comme l'Allemagne ou la France, désireux d'afficher une attitude plus constructive, un Conseil Otan-Russie s'était déjà réuni fin avril.

Mais, à l'issue de cette première rencontre en plus de 20 mois le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avait reconnu que l'exercice ne réglait pas les "désaccords profonds" sur la crise ukrainienne notamment.

Avec AFP

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