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Ouverture du procès historique d'ICC-services à Porto-Novo


Le palais de Justice de Cotonou, au Bénin, le 6 janvier 2018. (VOA/Ginette Fleure Adandé)
Le palais de Justice de Cotonou, au Bénin, le 6 janvier 2018. (VOA/Ginette Fleure Adandé)

Après plus de huit années d'attente, l'affaire "ICC-Services", baptisée "l'affaire Madoff béninoise", le plus gros scandale financier de ce pays, qui a fait plus de 150.000 victimes, a commencé à être jugée lundi à Porto-Novo par un tribunal spécial.

Dix personnes ont été appelées devant la barre de la nouvelle Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) et seront jugées - entre autres - pour association de malfaiteurs, escroquerie, exercice illégal d'activité bancaire et corruption, dans ce procès historique et très attendu.

Seules six d'entre elles ont comparu lundi, dont Guy Aplogan, président directeur général de ICC Services (Investment Consultancy and Computering Services). Ils sont apparus plutôt sereins dans le box des accusés après huit ans de détention.

Ils ont tous plaidé non-coupables.

"Non. Je ne reconnais pas les faits", a déclaré devant la Cour, Emile Tégbénou, accusé d'être l'un des cerveaux de ICC Services.

Selon un rapport du FMI, 204 structures de placement d'argent ont spolié 150.000 épargnants entre 2006 et 2010, pour un total estimé à plus de 150 milliards de francs CFA (près de 230 millions d'euros), leur promettant des taux d'intérêt mirobolants estimés entre 100 et 300%.

Le procès qui devrait durer plusieurs jours vise à comprendre le "système de fonctionnement de la structure" a déclaré le juge, et surtout à comprendre comment elle a obtenu les autorisations pour exercer son activité.

Dès 2010, le président du Bénin de l'époque, Thomas Boni Yayi, et plusieurs hauts responsables avaient été accusés de complicité. Aucun d'entre eux n'est aujourd'hui officiellement inquiété.

Aristide Hinnoudé est venu assister au procès en espérant que "justice sera rendue". Il a perdu son père, qui "n'a pas supporté de voir ses économies partir en fumée".

Mais pour Antoinette Tossou, "la plupart des victimes sont passées à autre chose. Il n’y a plus d'espoir" de remboursement, craint-elle en écoutant, accrochée à son poste radio, les explications d'un des responsables de ICC Services.

Anciens ministres, hauts fonctionnaires, responsables en charge de la sécurité et des renseignements à l'époque des faits, doivent témoigner dans les prochains jours devant la barre.

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