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Procès en appel en France du génocide rwandais de deux ex-maires


Illustration de Tito Barahira et Octavien Ngenzi, dans le box des accusés pour le génocide au Rwanda, à Paris, le 2 mai 2018.
Illustration de Tito Barahira et Octavien Ngenzi, dans le box des accusés pour le génocide au Rwanda, à Paris, le 2 mai 2018.

Le procès en appel de deux anciens bourgmestres (maires) rwandais, condamnés en 2016 à la prison à vie pour leur participation au génocide des Tutsi dans leur village de Kabarondo en avril 1994, s'est ouvert mercredi devant la justice française.

Pour ce second procès, les nouveaux avocats des accusés s'incrivent dans une stratégie de pilonnage: refus de voir les débats filmés, dénonciation des faibles moyens de la défense, recours pour faire cesser des publications "attentatoires à la présomption d'innocence" sur le site d'une partie civile...

Octavien Ngenzi, 60 ans, et Tito Barahira, 67 ans en juin, qui se sont succédé à la tête de leur bourg rural de Kabarondo, dans l'est du Rwanda, sont restés placides face aux premières escarmouches. Respectivement en détention depuis 8 et 5 ans, ils ont toujours nié leur implication dans les massacres.

Ils avaient été jugés coupables de "crimes contre l'humanité" et "génocide" et condamnés à la peine maximale. La plus lourde condamnation prononcée en France en relation avec les massacres de 1994 au Rwanda, après celle - confirmée en appel - de l'ex-capitaine de l'armée Pascal Simbikangwa à 25 ans de réclusion, pour génocide et complicité de crime contre l'humanité.

Echapperont-ils cette fois à la prison à vie? C'est l'enjeu majeur de ce second procès.

"Nous attendons la confirmation d'un verdict qui a entendu la détresse des victimes", a déclaré à l'AFP Alain Gauthier, président d'une association à l'origine de la plupart des enquêtes liées au génocide en France.

34 victimes ou associations se sont constituées partie civiles, avec l'espoir de voir "confirmer la fin de l'impunité" en France, où quelque 25 procédures liées au génocide sont en cours.

De son côté, la défense veut "rééquilibrer le débat" en demandant à entendre ses propres "témoins de contexte" face à ceux de l'accusation, dont certains n'avaient pas caché en première instance leur appréciation positive du régime de Paul Kagame, l'actuel président rwandais issu de la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR).

>> Lire aussi : Les condamnations dans le monde en lien avec le génocide rwandais

Carte du génocide de 1994 au Rwanda et zoom et données sur le massacre de Kabarondo
Carte du génocide de 1994 au Rwanda et zoom et données sur le massacre de Kabarondo

Les avocats d'Octavien Ngenzi veulent entendre l'actuel ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, pour son rôle dans l'offensive du FPR, mais aussi des auteurs controversés comme le journaliste Pierre Péan ou le chercheur belge Filip Reyntjens.

Regrettant un débat toujours "fort polarisé" en France, "virulent", allant jusqu'à l'"entreprise d'intimidation", l'historien belge a refusé de venir, expliquant dans une lettre être "dans l'impossibilité de (s)'exprimer sans crainte, comme le veut le serment".

Selon l'ONU, plus de 800.000 personnes, des Tutsi dans leur immense majorité, ont été tuées en cent jours à travers le pays. Plus de 2.000 en un seul jour dans l'église de Kabarondo, selon son curé.

Les débats sont prévus jusqu'au 6 juillet.

Avec AFP

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