Alors que les disparitions forcées étaient auparavant souvent cantonnées aux provinces du Baloutchistan, du Khyber-Pakthunkhwa et aux zones tribales, agitées par des groupes armés, "elles sont devenues en 2017 un problème national, des blogueurs, activistes et journalistes ayant été pris pour cibles partout au Pakistan", pointe ce rapport.
Cinq blogueurs qui faisaient publiquement connaître leur opposition à l'islam radical, l'armée ou le gouvernement sur les réseaux sociaux, avaient disparu à quelques jours d'intervalle en janvier 2017. Quatre d'entre eux avaient été libérés plusieurs semaines plus tard. Le sort du cinquième est inconnu.
Un an plus tard, Taha Siddiqui, un journaliste pakistanais critique envers le rôle de l'armée dans son pays, a affirmé avoir été victime d'une tentative d'enlèvement par des inconnus armés à Islamabad. Il a depuis quitté le Pakistan.
La commission d'enquête sur les disparitions forcées a reçu 868 nouveaux dossiers en 2017, affirme le HRCP, qui déplore "les violations des droits de l'homme par les forces de sécurité".
Concernant les exécutions extra-judiciaires, "le niveau d'impunité et l'apparente perception par les forces de sécurité qu'(elles) sont une manière légitime de dispenser la justice fait se questionner sur l'ampleur de l'institutionnalisation de (cette) pratique", déplore l'étude.
Des milliers de personnes ont manifesté ces derniers mois au Pakistan pour exiger la fin des "rencontres homicides", terme qui désigne dans le pays les exécutions extra-judiciaires perpétrées par les forces de l'ordre, qui les déguisent en affrontements mortels avec des criminels.
"Plus de Pakistanais sont morts lors d'incidents décrits comme "rencontres homicides" que dans la violence armée ou des attaques suicides", souligne le HRCP, se basant sur une étude récente d'un centre de recherche pakistanais, qui avait listé 495 individus tués en 2017 lors de fusillades avec les forces de l'ordre, contre 399 abattus par arme à feu, 298 dans morts dans des attentats suicides et 144 lors d'explosions de bombes.
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La question des exécutions extra-judiciaires a fait la Une des médias pakistanais ces derniers mois, après qu'un apprenti mannequin pachtoune de 23 ans, Naqeebullah Mehsud, eut été abattu en janvier à Karachi (Sud) par la police, qui avait alors présenté la victime comme un terroriste.
Le Pakistan échoue par ailleurs souvent à protéger ses minorités religieuses, souligne le rapport, tandis que la violence contre les femmes reste endémique, 5.660 d'entre elles ayant été tuées lors des dix premiers mois de l'année 2017.
Avec AFP