A chaque fois, les Palestiniens ont visé des soldats israéliens là où ils sont déployés en nombre et en contact direct avec les Palestiniens dans un contexte de tensions exacerbées, que ce soit à Hébron ou aux innombrables checkpoints établis sur les routes de Cisjordanie occupée.
Deux Palestiniens ont poignardé un soldat dans la nuit de jeudi à vendredi à Hébron, poudrière du sud de la Cisjordanie où s'est concentrée une bonne partie des violences des dernières semaines, a indiqué l'armée israélienne. Les soldats qui assurent la protection des 500 colons juifs vivant retranchés parmi 200.000 Palestiniens ont ouvert le feu et tué les assaillants, a précisé l'armée.
Hébron, qui abrite le tombeau des Patriarches (ou mosquée d'Ibrahim) révéré par les juifs et les musulmans, ainsi que ses environs ont été le théâtre ces dernières semaines d'une multitude d'attentats anti-israéliens à l'arme blanche dont nombre d'auteurs, souvent jeunes, ont été abattus.
Plus au nord, un Palestinien est sorti de son véhicule lors d'un contrôle à un checkpoint israélien à proximité du village palestinien d'Aboud et de la colonie israélienne d'Hallamish et a poignardé un soldat dans le cou, a rapporté l'armée israélienne. Le soldat a été légèrement blessé et ses camarades ont tué l'agresseur, a-t-elle précisé.
Les villageois se sont empressés de récupérer le corps, apparemment inquiets que l'armée israélienne ne s'en empare et refuse de le restituer aux familles, comme elle l'a fait à titre punitif à maintes reprises, a rapporté une journaliste de l'AFP sur place.
A une vingtaine de kilomètres de là, non loin d'une autre colonie (Ofra), un Palestinien a lancé sa voiture sur un groupe de soldats, blessant deux d'entre eux, a rapporté l'armée. Les soldats ont riposté et tué le conducteur, identifié par la police palestinienne comme un jeune homme des environs âgé de 19 ans, Anas Bassam Hamad.
- Tirs de char -
Depuis le 1er octobre, les attentats quasiment quotidiens contre des Israéliens, les affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens et les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons ont fait 109 morts palestiniens (dont un Arabe israélien), 17 israéliens ainsi qu'un Américain et un Erythréen, selon un décompte de l'AFP.
Israël a déployé des moyens considérables et pris de sévères mesures pour réprimer les violences. Mais les responsables de la sécurité soulignent la difficulté de juguler un mouvement non-organisé qui, préviennent-ils, risque de durer.
Dans la bande de Gaza, sept Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens pour s'être approchés trop près de la barrière qui enferme hermétiquement cette enclave séparée géographiquement de la Cisjordanie par le territoire israélien mais censée former avec elle un éventuel futur Etat.
Fait rare, l'armée israélienne a, en au moins une occasion, déclenché des tirs de char pour faire reculer les manifestants, blessant deux d'entre eux, ont indiqué l'armée israélienne et les secours palestiniens.
Une conjonction de facteurs alimentent l'exaspération d'une partie de l'opinion palestinienne, notamment sa jeunesse: vexations liées à l'occupation, absence d'un Etat palestinien attendu depuis des décennies, absence de toute perspective personnelle, discrédit des autorités et partis palestiniens.
Les querelles autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem ont catalysé les tensions. La mort de trois membres d'une même famille palestinienne en juillet dans un incendie imputé à des extrémistes juifs en Cisjordanie passe pour un autre élément déclencheur.
Quatre mois plus tard, les services de sécurité israéliens ont annoncé jeudi l'arrestation de suspects. La famille des disparus, un bébé de 18 mois et ses deux parents, a cependant dit vendredi n'avoir aucune confiance dans les autorités israéliennes pour faire justice.
"Même si (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu dit qu'il les a attrapés, qu'est-ce qu'ils vont leur faire ?", a déclaré à l'AFP Rehab Zeti, la grand-mère âgée de 65 ans.
Avec AFP