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La réconciliation palestinienne à l'ombre de nouvelles tensions avec Washington


Un manifestant avec des drapeaux américains et palestiniens proteste silencieusement à Washington, le 1er mars 2015. (Archives)
Un manifestant avec des drapeaux américains et palestiniens proteste silencieusement à Washington, le 1er mars 2015. (Archives)

Les relations entre l'Autorité palestinienne et l'administration Trump se sont abruptement tendues au moment où les principaux groupes palestiniens doivent se réunir mardi au Caire pour maintenir l'élan de la réconciliation, à l'approche d'une échéance majeure.

Les Etats-Unis viennent d'informer l'Autorité palestinienne de leur intention de fermer la représentation de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington.

"Nous suspendrons toutes nos communications avec l'administration américaine", a aussitôt prévenu le secrétaire général de l'OLP, Saëb Erakat, avec une rudesse de ton inhabituelle.

Un responsable du département d'Etat américain, parlant sous le couvert de l'anonymat, a expliqué que la décision était liée aux intentions palestiniennes de faire juger des dirigeants israéliens par la Cour pénale internationale (CPI).

Il a laissé entendre que le sort du bureau de l'OLP serait tranché dans une fenêtre de 90 jours durant laquelle les Palestiniens devront convaincre le président Donald Trump qu'ils s'engagent dans des "négociations directes et sérieuses" avec Israël.

L'historique OLP est reconnue par Israël et l'ONU comme la représentante du peuple palestinien. C'est elle qui a négocié les accords d'Oslo ayant conduit à la création de l'Autorité palestinienne, préfiguration d'un Etat internationalement reconnu.

L'Autorité a largement supplanté l'OLP comme principale institution politique et interlocutrice des dirigeants étrangers. Mais le président de l'Autorité, Mahmoud Abbas, est aussi le président de l'OLP.

Incertitudes

Les menaces de fermeture de la représentation palestinienne interviennent à un moment où l'incertitude est déjà très forte sur le conflit israélo-palestinien.

L'entreprise de paix est enlisée depuis plus de trois ans. M. Trump est arrivé à la Maison Blanche en proclamant haut son rêve de présider à l'accord "ultime", celui qui a résisté à tous ses prédécesseurs.

Depuis janvier, il laisse quelques émissaires très proches, dont son gendre Jared Kushner, opérer dans le plus grand secret.

Dans un contexte régional de grands troubles, les intentions exactes de M. Trump demeurent ainsi inconnues. Le président américain s'est gardé jusqu'à présent de soutenir la solution à deux Etats, c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël.

Au même moment, l'Autorité palestinienne et le mouvement islamiste Hamas ont, eux, conclu un accord remarqué.

Après dix ans de dissensions, les anciens frères ennemis se sont entendus le 12 octobre au Caire pour que le Hamas, qui gouverne sans partage la bande de Gaza, transfère les pouvoirs dans ce territoire à l'Autorité d'ici au 1er décembre.

Le Hamas avait évincé l'Autorité de Gaza par les armes en 2007. Depuis, l'Autorité ne gouverne plus, avec les restrictions imposées par l'occupant israélien, que sur des fragments de la Cisjordanie, distante de Gaza de quelques dizaines de kilomètres.

Mardi, le Hamas, le Fatah laïc et modéré qui domine l'Autorité et une dizaine d'autres groupes doivent se retrouver au Caire pour poursuivre sur leur lancée, malgré la résurgence de crispations et la persistance de différends fondamentaux.

Interrogé par l'AFP, le politologue George Giacaman ne croit pas que la brusque montée de tensions entre l'OLP et l'administration Trump soit de nature à "affecter le processus de réconciliation" palestinien.

Mais que les Américains se disent "prêts à fermer le bureau de l'Autorité à Washington mine encore davantage la légitimité (de l'instance) au sein de la population palestinienne", avance cet enseignant à l'université de Bir Zeit (Cisjordanie).

Enjeu double

L'enjeu de la passation entre une formation (le Hamas), considérée comme infréquentable par une partie de la communauté internationale et une Autorité reconnue internationalement, s'avère double.

Les Gazaouis, éprouvés par les guerres, la pauvreté et l'enfermement espèrent une amélioration de leur sort et un desserrement des blocus israélien et égyptien.

Par ailleurs, les divisions palestiniennes passent à ce stade pour l'un des principaux obstacles à la paix avec Israël: le retour à Gaza de l'Autorité, interlocutrice d'Israël, pourrait rouvrir une perspective de règlement.

Le 1er novembre, le Hamas a accompli un geste significatif en rétrocédant à l'Autorité la responsabilité, côté palestinien, des postes-frontières avec Israël et l'Egypte.

Mais le président Abbas n'a toujours pas levé les sanctions financières infligées en 2017 pour forcer le Hamas à céder la place.

La question du contrôle de la sécurité et du sort de la branche armée du Hamas reste en outre en suspens.

L'Autorité et son président excluent d'assumer les responsabilités civiles à Gaza sans avoir la haute main sur la sécurité.

Hors de question de rendre les armes et de reconnaître Israël, a dit à l'AFP Bassem Naim, haut responsable du Hamas.

M. Naim s'attend à ce que les discussions au Caire contournent le sujet de la sécurité pour "se concentrer sur des mesures pratiques, principalement dans le domaine civil, du gouvernement".

Mais Israël et les Etats-Unis ont énoncé leurs conditions pour traiter avec un gouvernement d'union: reconnaissance d'Israël, renoncement à la violence et désarmement du Hamas.

Avec AFP

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