A Londres, malgré les encouragements d'Edward Snowden sur Twitter, les partisans d'un départ de M. Cameron peinent à mobiliser autant, soutenus seulement par quelques voix isolées dans le parti d'opposition travailliste.
Devant les grilles du 10, Downing Street, ils étaient quelques centaines à scander "Cameron must go", vêtus de chapeaux Panama pour certains et de chemises hawaïennes pour les plus téméraires sous un ciel humide.
Ils se sont ensuite dirigés vers le grand hôtel où, à seulement deux kilomètres de là, le Premier ministre britannique venait tout juste de s'adresser aux délégués du parti conservateur, rassemblé en congrès pour préparer les élections locales de mai.
"Ça n'a pas été une grande semaine", a lancé de but en blanc M. Cameron, faisant tout de suite référence à l'affaire qui empoisonne son quotidien depuis dimanche dernier: la révélation que son père Ian, décédé en 2010, avait dirigé un fonds d'investissement aux Bahamas, dans lequel il avait, comme il l'a admis tardivement, lui-même des parts.
Rien d'illégal, a martelé le Premier ministre. Mais il a fallu quatre communiqués alambiqués de ses services avant qu'il ne décide finalement de reconnaître, jeudi soir, qu'il avait possédé des actions dans cette société offshore.
'J'ai appris la leçon'
"Je sais que j'aurais dû mieux gérer cette affaire, ne blâmez pas mes conseillers, la faute m'en revient, j'ai appris la leçon", a-t-il souligné devant le congrès.
Il a ensuite renouvelé sa promesse de publier "prochainement" ses déclarations d'impôts des dernières années, une première pour un Premier ministre britannique.
Trop tard, selon le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, qui a estimé vendredi soir que "le Premier ministre a perdu la confiance des Britanniques", sans toutefois aller jusqu'à demander sa démission.
C'est peu dire que M. Cameron sort d'une semaine et même d'un mois particulièrement éprouvant. Avant même l'affaire des "Panama Papers", il a dû composer avec la crise de la sidérurgie et l'accusation d'avoir sacrifié des emplois britanniques sur l'autel de ses bonnes relations avec la Chine.
Il a aussi dû se débattre avec les éternelles divisions du parti conservateur sur l'Europe qui ont culminé mi-mars avec la démission surprise d'Iain Duncan Smith, l'eurosceptique ministre du Travail.
Samedi, au moment de rameuter ses troupes avant les élections locales de mai, le Premier ministre, qui se bat pour convaincre les Britanniques de voter en faveur d'un maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, n'a fait qu'une brève allusion au référendum du 23 juin. Comme s'il avait suffisamment de problèmes comme ça.
Vendredi, un sondage YouGov a montré que sa cote de popularité avait chuté au plus bas depuis juillet 2013 avec 58% d'opinions défavorables.
Nouveau rassemblement à Reykjavik
A Reykjavik, l'opposition islandaise testait, elle, samedi sa capacité à mobiliser lors d'un nouveau rassemblement devant le parlement à partir de 14H00 GMT.
La manifestation, comme celles qui ont eu lieu au même endroit tous les jours depuis lundi, doit se faire sans drapeau de parti ou d'organisations. Cette mobilisation historique a déjà poussé à la démission du Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson, dont le Consortium international des journalistes d'investigation (Icij) a montré qu'il avait des avoirs dans un paradis fiscal.
Alors que la majorité de droite a décidé de se maintenir au pouvoir en nommant simplement un nouveau chef de gouvernement, Sigurdur Ingi Johannsson, les manifestants réclament de nouvelles élections.
L'opposition de gauche et centriste a perdu une bataille vendredi avec le rejet d'une motion de censure que ses députés ont défendue avec passion au Parlement, en vain face à une droite qui reste unie dans la tourmente.
Le scandale des "Panama Papers" a également rebondi au Pays-Bas samedi où deux quotidiens affirment que l'organisation néerlandaise d'aide au développement Solidaridad, connue pour avoir participé à la fondation du label de commerce équitable Max Havelaar, possédait un réseau international de sociétés boîtes aux lettres.
"Ces affirmations sont fausses. Il n'est d'aucune manière question d'évasion fiscale, les activités développées au Panama ne sont simplement pas imposables", a réagi l'ONG sur son site internet.
Avec AFP