Après la fusillade de Munich et l'attentat de Nice, après ceux de Paris et de Bruxelles, la grande fête des Journées Mondiales de la Jeunesse commencera à Cracovie dans une ambiance alourdie dans toute l'Europe.
Conscient des risques potentiels, le gouvernement polonais a mis en place un très important dispositif de sécurité avec des milliers de policiers et rétabli les contrôles aux frontières.
En marge des JMJ le pape visitera le sanctuaire marial de Czestochowa et l'ancien camp d'Auschwitz, "le pire endroit au monde" selon les termes du grand rabbin de Pologne Michael Schudrich, pour se recueillir en silence sur le lieu de l'extermination d'environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs, par les nazis allemands.
Les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), le "Woodstock" catholique inventé par Jean-Paul II, qui se déroulent cette année à Cracovie, l'ancienne capitale royale de la Pologne, sont placées sous le signe de la miséricorde divine.
Ce thème arrêté par le pape débouche sur des questions délicates, dont celle des réfugiés.
La position de François est sans ambiguïté: il a invité au Vatican une douzaine de musulmans syriens et appelé toutes les paroisses catholiques à accueillir une famille de réfugiés.
Fidélité sans faille
Or, en phase avec une bonne partie de la société, la Première ministre Beata Szydlo et son gouvernement conservateur, qui affichent leur fidélité au catholicisme, ne veulent pas de réfugiés en Pologne, invoquant des raisons de sécurité.
Les évêques polonais, eux, ont longtemps gardé une réserve prudente, avant de publier, à quatre jours de l'arrivée du pape, un document général adopté en commun avec les autres confessions chrétiennes, où ils rappellent le devoir d'hospitalité des chrétiens et soulignent que Jésus, fuyant Hérode, avait lui aussi connu le sort de réfugié.
Et, comme pour conjurer l'apparition d'un hiatus entre le pape et l'Eglise de Pologne, le porte-parole de l'épiscopat, le père Pawel Rytel-Andrianik a publié sur le site du Saint-Siège un texte expliquant la "grande peur" des Polonais, nation très homogène, face à l'afflux des réfugiés, et critiquant "l'absence d'un débat public" et "l'engagement insuffisant des pouvoirs publics et des ONG" pour répondre à ce défi.
"Les réfugiés ? Le pape en dira quelque chose", a concédé à l'AFP le nonce apostolique à Varsovie l'archevêque Celestino Migliore.
Pour un pape, un voyage à Cracovie le mène inévitablement sur les traces de Jean Paul II. Dès mercredi soir, il apparaîtra à la "fenêtre papale" de l'archevêché pour saluer les jeunes massés dans la rue, comme le faisait Karol Wojtyla.
Mais il innovera aussi, par exemple en prenant le tramway pour se rendre à Blonia, une vaste prairie au centre de Cracovie, où se déroulera la cérémonie de bienvenue, jeudi.
Break-dance et sans-abri
En attendant son arrivée, des milliers de jeunes du monde entier - les Italiens et les Français étant les plus nombreux, mais des royaumes polynésiens comme Wallis-et-Futuna étant également représentés - ont envahi les diocèses polonais, reçus par une armée de volontaires et familles d'accueil enthousiastes.
Un riche programme leur était offert, mélangeant concerts, discussions, visites touristiques, voire descentes de rivière en kayak "à la Jean-Paul II", matchs de football et concours de break-dance. Des "marathons de miséricorde" aussi, lors desquels ils ont fait le ménage dans un foyer pour non-voyants ou préparé des repas pour des sans-abri.
La finale des JMJ doit aussi ressembler à un marathon: le samedi 30 juillet, une veillée avec François se tiendra à Brzegi, sur un immense pré à quinze kilomètres de Cracovie. Puis, après une nuit passée à la belle étoile, les jeunes assisteront à la messe finale et entendront François leur demander d'emporter dans le monde le message de miséricorde.
Mais ils peuvent être moins nombreux que prévu, à cause des craintes d'un attentat. Alors qu'au début de l'année les organisateurs tablaient sur près de deux millions de pèlerins, moins de 400.000 se sont officiellement enregistrés. Toutefois les non-inscrits pourraient être beaucoup plus nombreux.
Avec AFP