Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Mike Pence achève sa tournée au Proche Orient


Des membres arabes israéliens du Parlement prostestent lors du discours de Mike Pence, à Jérusalem, le 22 janvier 2018.
Des membres arabes israéliens du Parlement prostestent lors du discours de Mike Pence, à Jérusalem, le 22 janvier 2018.

Le vice-président américain achève mardi sa tournée au Proche-Orient par d'ultimes marques de déférence envers Israël et l'âme juive, tandis que les Palestiniens étaient appelés à faire grève et à manifester.

Le vice-président américain Mike Pence a prié mardi devant le Mur des Lamentations à Jérusalem, site sacré du judaïsme, comme l'avait fait avant lui Donald Trump en mai dernier.

M. Pence, kippa noire sur la tête, s'est figé un moment, la main sur le mur, puis a glissé, selon la tradition, un bout de papier dans les interstices entre les pierres antiques érodées par le temps.

"Une véritable source d'inspiration", a-t-il ensuite dit de ce moment sur l'esplanade vidée préalablement de tous les visiteurs qui affluent habituellement sur le site.

"C'est un grand honneur de prier en ce lieu sacré. Dieu bénisse le peuple juif et Dieu bénisse toujours l'Etat d'Israël", a-t-il écrit dans le livre d'honneur.

Son épouse Karen Pence s'est recueillie, pour sa part, dans l'espace réservé aux femmes devant le mur, en vertu des règles d'orthodoxie juive gouvernant le site.

M. Pence a reçu en cadeau un candélabre fabriqué spécialement en son honneur sur lequel est inscrit: "Que nous sachions répandre la lumière et faire disparaître les ténèbres dans le monde".

M. Pence, chrétien fervent, a ainsi mis ses pas dans ceux de Donald Trump: en mai 2017, M. Trump était devenu le premier président américain en exercice à accomplir ce geste. Aucun de ces prédécesseurs ne l'avait entrepris, compte tenu de la souveraineté disputée de Jérusalem-Est.

Au Parlement

M. Pence s'est attiré lundi une standing ovation des députés et des ministres réunis à la Knesset en annonçant que les Etats-Unis ouvriraient leur ambassade à Jérusalem avant fin 2019.

>> Lire aussi : L'ambassade américaine à Jérusalem ouvrira avant fin 2019

M. Pence, chrétien fervent, a aussi exalté l'histoire juive, le "miracle israélien" et la vigueur des relations entre les deux pays sous le président Trump, dans un discours truffé de références bibliques mais dénué de toute évocation de l'occupation et de la colonisation israéliennes.

Reçu mardi par le président israélien Reuven Rivlin, il a redit le soutien "inébranlable" des Etats-Unis à Israël. "Le lien qui nous unit n'a jamais été aussi fort", a-t-il déclaré.

“Vous êtes un mensch”, lui a dit M. Rivlin, lui adressant le compliment quasiment ultime fait par un juif à un homme de sagesse et d'honneur.

En annonçant le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem avant fin 2019, M. Pence donne suite à une décision qui a provoqué le courroux palestinien et la réprobation internationale: la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël.

'Cadeau aux extrémistes'

Différentes organisations palestiniennes ont appelé à la manifestation et à la grève générale mardi en Cisjordanie, territoire adjacent à Jérusalem et occupé par Israël depuis 1967. M. Pence "n'est pas le bienvenu à Jérusalem", ont-elles dit dans un communiqué.

La majorité des magasins et restaurants étaient fermés à Ramallah, Hébron et Naplouse, les grandes villes de Cisjordanie. La grève était partiellement suivie dans la bande de Gaza, territoire distant sous blocus israélien depuis dix ans.

En revanche, la grève n'était pas suivie dans la Vieille ville de Jérusalem. Et même à Ramallah, Adel Humran, Palestinien d'une trentaine d'années, exprimait une lassitude répandue: "Cette grève ne sert à rien, il ne se passera rien".

Avec son annonce unilatérale le 6 décembre, le président Donald Trump a rompu avec des décennies de consensus international refusant de reconnaître Jérusalem comme capitale tant que le statut de la ville trois fois sainte, l'une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien, n'aurait pas été réglé par la négociation.

Dix-huit Palestiniens et un Israélien ont été tués dans des violences depuis.

Israël qui s'est emparé de Jérusalem-Est par la force en 1967 l'a annexée et proclame toute la ville sa capitale indivisible. L'annexion est illégale pour l'ONU. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

La direction palestinienne a dénoncé le "discours messianique" de M. Pence comme la preuve que l'administration américaine "fait partie du problème et non pas de la solution".

Pour les Palestiniens, M. Trump a atteint le 6 décembre le summum du parti pris pro-israélien, et discrédité les Etats-Unis dans le rôle de médiateur de l'effort de paix.

Sur les pas de Trump

Le président palestinien Mahmoud Abbas a gelé les contacts avec les officiels américains, cherchant ailleurs des soutiens dans sa quête d'un Etat indépendant. Fait exceptionnel, M. Pence ne devait rencontrer aucun responsable palestinien au cours de cette courte tournée qui l'a emmené auparavant en Egypte et en Jordanie.

M. Trump n'a fait que corriger le 6 décembre "une injustice vieille de 70 ans", a dit lundi M. Pence, un évangéliste qui passe pour avoir exercé une influence prépondérante sur la décision de M. Trump, largement interprétée comme une concession à cet électorat.

Contrairement aux Palestiniens, M. Trump croit profondément que sa décision crée une "opportunité" de relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens, a déclaré M. Pence mardi, alors que l'administration américaine est supposée présenter à une date indéterminée un plan pour ranimer l'entreprise de paix moribonde.

"Inchallah", a répondu le président israélien.

Israéliens et Palestiniens n'ont plus eu de négociations depuis 2014.

M. Pence devait ensuite déposer une gerbe au mémorial de la Shoah. Puis il se rendra au mur des Lamentations, marchant sur les pas de M. Trump qui était allé s'y recueillir en mai, accomplissant ce qu'aucun président américain en exercice n'avait fait avant lui du fait de la localisation de ce site sacré juif dans la Vieille ville à Jérusalem-Est annexée.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG