En refusant ainsi d'accorder un chèque en blanc à l'administration de Joe Biden sur une question qui devrait faire l'objet d'un consensus entre les deux partis, le chef de la Chambre des représentants "réalise une prise d'otage économique qui menace l'emploi et l'épargne des travailleurs américains", a réagi Andrew Bates, un porte-parole de l'exécutif. M. McCarthy prévoit de présenter "dans les prochaines semaines" un texte sur le sujet à la Chambre des représentants, enceinte où les républicains disposent de la majorité.
"Pour s'attaquer à la dette, nous devons nous rassembler, trouver un terrain d'entente et réduire les dépenses", a justifié le "speaker" de la chambre, à l'occasion d'un discours à la Bourse de New York. Le relèvement du plafond de la dette est au coeur d'un débat politique qui va prendre de plus en plus d'importance au cours des semaines à venir, la dette des Etats-Unis ayant atteint en janvier 31.400 milliards de dollars, soit le plafond au-delà duquel le pays ne peut plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer.
Kevin McCarthy a appelé les démocrates, qui eux ne veulent pas lier le relèvement du plafond de la dette aux discussions sur le budget, à des négociations "raisonnables". "Qu'on soit bien clair, faire défaut sur la dette n'est pas une option", a relevé le républicain. Mais "un avenir fait d'impôts plus élevés, de taux d'intérêts plus élevés, d'une dépendance accrue à la Chine et d'une économie qui ne fonctionne pas pour les Américains" n'est pas non plus une option, a-t-il ajouté.
"Otage"
M. McCarthy prévoit de présenter à la Chambre un texte relevant le plafond de la dette mais proposant aussi de faire revenir le montant des dépenses du gouvernement fédéral au niveau de 2022, et de limiter leur croissance à 1% par an sur les dix prochaines années.
Il n'a pas fourni beaucoup plus de détails mais affirmé que les programmes d'assurance santé pour les personnes de plus de 65 ans et de retraites ne seraient pas touchés. "Cela rétablira la discipline à Washington, à l'établissement du budget, et contribuera à mettre fin aux dépenses inconsidérées qui provoquent l'inflation", a-t-il déclaré.
"Alors que le président Biden continue de lutter contre l'inflation, les républicains trumpistes du Congrès tentent de prendre notre économie en otage à moins que nous ne supprimions les programmes qui réduisent les coûts pour les Américains", a réagi la Maison Blanche dans un tweet. M. McCarthy avait été reçu début février par Joe Biden pour discuter de possibles compromis. Les deux responsables avaient alors acté leurs différences, ne parvenant pas à trouver d'accord.
Des mesures d'urgence temporaires ont été prises pour continuer à payer la dette, mais, sans accord au Congrès pour relever ce plafond, les Etats-Unis se trouveront en défaut de paiement, incapables d'assurer leurs engagements financiers, peut-être dès cet été. Cela précipiterait la finance américaine et mondiale dans l'inconnu. Le président de la banque centrale américaine Jerome Powell a encore souligné début mars que le relèvement du plafond de la dette était "la seule issue en temps opportun qui nous permette de payer toutes nos factures".
En l'absence d'accord entre démocrates et républicains, les conséquences sont "difficiles à estimer", mais "pourraient être extrêmement négatives et causer des dommages à long terme", avait-il mis en garde. Relever le plafond de la dette est a priori une mesure technique, mais qui nécessite l'accord du Congrès, qui le fait généralement sans débat majeur. Depuis 1960, le plafond de la dette des États-Unis a été relevé à 78 reprises, selon le département du Trésor.