Leah Sharibu, âgée de 15 ans, fait partie des plus de cent filles enlevées le 19 février dernier dans un pensionnat de Dapchi, une ville de l'Etat de Yobe, dans le nord-est du Nigeria, dans un rapt rappelant celui des 276 lycéennes de Chibok, en avril 2014, qui avait déclenché l'indignation dans le monde.
Après un mois de captivité, à la différence de leurs camarades de Chibok dont 112 seraient toujours entre les mains de Boko Haram, toutes les élèves de Dapchi ont été relâchées à l'exception de la seule chrétienne du groupe, Leah Sharibu.
Dans un enregistrement envoyé à des médias locaux lundi soir, l'adolescente plaide pour sa libération auprès du gouvernement du président Muhammadu Buhari.
"Je supplie le gouvernement et le président d'avoir pitié de moi et de me sauver", dit-elle en haoussa, la langue la plus parlée du nord du Nigeria.
Cet enregistrement constitue la première preuve de vie de la collégienne depuis son enlèvement.
Elle y bafouille et se répète, ce qui suggère la lecture d'un texte préparé.
L'enregistrement est accompagné d'une photo de Leah Sharibu portant un foulard islamique brun clair qui ne laisse voir que son visage. Elle est assise dans un lieu inconnu.
Le gouvernement a dit chercher à vérifier l'authenticité de l'enregistrement.
"Notre réaction suivra le résultat de l'enquête", a dit le porte-parole de la présidence, Garba Shehu, sur Twitter, ajoutant que le président Buhari obtiendrait sa libération.
"Pour le président Buhari, rien ne sera épargné pour ramener toutes nos filles à la maison. Il n'aura de repos jusqu'à ce qu'elles soient toutes libérées", a-t-il dit.
Le père de la collégienne, Nathan Sharibu, a déclaré mardi à l'AFP que la voix dans l'enregistrement était bien celle de sa fille.
"La voix de l'enregistrement est sans aucun doute celle de Leah. En tant que père, je ne peux pas me tromper concernant sa voix. Je suis ravi d'avoir entendu sa voix parce que cela prouve, sans l'ombre d'un doute, que ma fille est toujours vivante", a-t-il déclaré.
Il a précisé que le gouvernement ne l'avait pas contacté pour vérifier si la voix était celle de sa fille.
"J'appelle le gouvernement, au nom de Leah, à faire tout son possible pour la libérer et nous la ramener, comme elle l'en a imploré", a par ailleurs déclaré M. Sharibu.
Un rapport de l'ONU a affirmé, malgré le démenti des autorités, que d'importantes rançons avaient été payées pour la libération des autres collégiennes de Dapchi.
Sharibu est restée prisonnière car elle aurait refusé de renier sa foi chrétienne pour l'islam. Des chrétiens ont accusé le gouvernement de ne pas tout faire pour obtenir sa libération dans un pays divisé entre chrétiens et musulmans où de fortes tensions opposent les deux communautés.
La captivité de l'adolescente a pris une tournure politique à l'approche de l'élection présidentielle de février prochain où M. Buhari, un musulman du Nord, est candidat à un second mandat.
Avec AFP