Au total, 10.131 employés de l'Etat, notamment des ministères de l'Education, de la Justice et de la Santé, ont été limogés, selon ces décrets publiés samedi soir au Journal officiel, alors que de nombreux fonctionnaires ont déjà été touchés par des purges depuis le coup de force du 15 juillet.
Ces décrets annoncent par ailleurs la fermeture de 15 médias, prokurdes pour la plupart, et la suppression des élections de recteurs dans les universités, qui seront désormais choisis par le président Recep Tayyip Erdogan parmi des candidats sélectionnés par le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK).
Ces mesures sont prises dans le cadre de l'état d'urgence instauré après la tentative de putsch de juillet. Les autorités turques accusent Fethullah Gülen, un prédicateur exilé aux Etats-Unis, d'avoir ourdi le coup d'Etat raté, ce que l'intéressé dément.
Depuis le putsch manqué, plus de 35.000 personnes ont été arrêtées en Turquie et plusieurs dizaines de milliers de professeurs, policiers et magistrats, notamment, ont été limogés ou suspendus.
D'une ampleur inédite en Turquie, ces purges suscitent l'inquiétude des partenaires occidentaux de la Turquie et d'organisations de défense des droits de l'Homme qui redoutent que l'état d'urgence en vigueur ne serve de prétexte pour réprimer toute voix dissidente.
Possible rétablissement de la peine capitale
Le président Erdogan a affirmé samedi que le rétablissement de la peine de mort, évoqué depuis le putsch manqué, serait soumis au Parlement par le gouvernement. Le chef de l'Etat n'a pas donné de calendrier à ce sujet.
Dès le surlendemain du coup d'Etat manqué, le président Erdogan avait évoqué un possible rétablissement de la peine capitale afin d'éliminer "le virus" factieux au sein de l'Etat, provoquant l'indignation de l'Union européenne.
"Appliquer la peine de mort est incompatible avec l'appartenance au Conseil de l'Europe" a mis en garde dimanche sur Twitter Daniel Holtgen, porte-parole du Conseil de l'Europe, dont fait partie la Turquie.
Les autorités turques affirment pour leur part que les mesures d'exception prises dans le cadre de l'état d'urgence sont nécessaires pour éliminer les riques de sédition et faire face à la double menace "terroriste" du groupe Etat islamique (EI) et du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Réagissant à la fermeture des médias prokurdes annoncée par décret, le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas, a déclaré: "Bientôt, toutes les chaînes de télévision feront des retransmissions en direct dès qu'Erdogan se mettra à tousser".
"Pourquoi limogent-ils toutes ces personnes ? Parce qu'elles ne prêtent pas allégeance à Erdogan", a-t-il lancé lors d'un discours à Diyarbakir, dans le sud-est, dimanche.
Avec AFP