"Ces actes terroristes (...) ne décourageront pas le gouvernement légitime d'exercer ses devoirs", a lancé le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, sans désigner de responsable, selon l'agence de presse officielle Saba.
Mais le ministre des Affaires étrangères Ahmed ben Moubarak a lui accusé les Houthis, des rebelles yéménites soutenus par l'Iran qui ont déferlé sur la capitale Sanaa en septembre 2014 et se sont emparés de vastes régions du pays, déclenchant une guerre meurtrière.
"Sur la base de toutes les informations actuelles", l'attaque "criminelle" ciblant le gouvernement a été "perpétrée par les Houthis", a-t-il dit sur Twitter.
Selon un correspondant de l'AFP, au moins deux explosions se sont produites lorsque l'avion qui transportait le gouvernement a atterri et que les responsables ont commencé à sortir de l'appareil.
Des sources médicales ont fait état à l'AFP d'au moins 26 morts et de plus de 50 blessés dans un nouveau bilan.
Des bruits d'explosions et des coups de feu ont retenti avant qu'une épaisse fumée noire ne jaillisse d'un bâtiment de l'aéroport tandis que des débris étaient projetés alentour, suscitant la panique parmi les personnes présentes, selon des images diffusées par la chaîne de télévision saoudienne Al-Hadath.
Appel à une enquête
Des civils, des vigiles et des responsables locaux figurent parmi les victimes mais tous les membres du gouvernement "vont bien", a indiqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Rajeh Badi, qui a appelé à une "enquête internationale".
Le Comité international de la Croix-Rouge a indiqué que l'un de ses employés avait été tué et que trois autres avaient été blessés.
"Le peuple yéménite a subi de terribles souffrances ces cinq dernières années. Une journée telle qu'aujourd'hui ne fait qu'ajouter de la peine", a déclaré le directeur des opération de la Croix-Rouge, Dominik Stillhart.
L'avion arrivait en provenance de Ryad où le gouvernement yéménite s'était exilé après la prise de Sanaa par les rebelles. Aden --grande ville du Sud-- était devenue la capitale temporaire.
Le front anti-Houthis rassemblant les forces progouvernementales et les séparatistes du Sud --indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990-- a reçu l'appui à partir de mars 2015 d'une coalition menée par l'Arabie saoudite, mais s'est fissuré ces dernières années.
Pour resserrer les rangs, Ryad a négocié un accord de partage du pouvoir dans le Sud et tentait depuis plus d'un an de former un nouveau gouvernement d'union afin de maintenir l'unité de la coalition face aux Houthis, sur le point de prendre le contrôle de Marib, dernier bastion du gouvernement dans le Nord.
Un gouvernement d'union a été formé le 18 décembre, sous l'égide de l'Arabie saoudite.
Dans un tweet, l'ambassadeur saoudien Mohammed Al Jaber a dénoncé une "attaque terroriste lâche visant le peuple yéménite".
Autre explosion
Les Emirats arabes unis, autre pilier de la coalition dirigée par Ryad et vus comme un soutien des séparatistes, ont estimé que l'attaque était un "plan visant à saper les chances d'établir sécurité et stabilité au Yémen".
Mercredi soir, une autre explosion a eu lieu près du palais présidentiel à Aden, où le gouvernement est basé, selon une source de sécurité qui n'a pas fait état de blessés. Selon la coalition, "un drone des Houthis a essayé de viser le palais mais a été détruit".
Les rebelles Houthis, mais aussi les groupes jihadistes Al-Qaïda et Etat islamique, ont par le passé mené des attaques visant le gouvernement yéménite et ses partisans.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a condamné une "attaque déplorable", adressant ses condoléances aux familles des victimes et au gouvernement yéménite, a indiqué dans un communiqué son porte-parole adjoint Farhan Haq.
C'est "un rappel tragique de l'importance de remettre d'urgence le Yémen sur la voie de la paix", a noté de son côté sur Twitter l'émissaire des Nations unies au Yémen, Martin Griffiths.
"L'Union européenne condamne fermement l'attaque", a déclaré un porte-parole, qualifiant l'acte d'"inacceptable", tout en rappelant sa volonté de "préserver la souveraineté, l'indépendance, la stabilité et l'unité territoriale" du Yémen.
La France a de son côté condamné "avec la plus grande fermeté" l'attaque, ajoutant continuer sa "mobilisation pour mettre un terme au conflit" dans le pays.
La guerre au Yémen a plongé ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, dans la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU, avec une population au bord de la famine et menacée par les épidémies.