En tout 147 personnes ont péri dans l’attaque de Solhan selon le gouverneur du Sahel. Un chiffre plus élevé que celui du gouvernement central qui faisait cas de 132 morts. C’est l’attaque terroriste la plus meurtrière de l’histoire du pays.
"Je dormais aux environs de 22h, et après j’entendais des tirs seulement. Les tirs se sont poursuivis toute la nuit jusqu’à 4h du matin", se souvient de ce jour ce témoin de Solhan. Et comme si cela ne suffisait pas, les assaillants sont revenus le lendemain de l’attaque à Solhan. Cette fois-ci ils ont pillé les commerces et saccagé le centre de santé.
Ce retour des assaillants a fait polémique.
L’armée l’avait démenti dans un communiqué. Quant au Conseil Supérieur de la Communication (CSC), il l’a brandi comme une fausse information justifiant l’audition de plusieurs média et la suspension de Radio Omega, l’une des plus grandes radios du pays.
"Ils sont revenus. Le premier jour ils n’ont pas brûlé le Centre de Santé, c’est le deuxième jour. C’est nous qui sommes sur le terrain et nous assurons qu’ils sont revenus", a dit Youssoufi Sow, l’adjoint au maire de Solhan.
Après avoir été contredite par plusieurs témoins, l’armée qui avait juré que les assaillants n’étaient pas revenus, garde le silence. Et cette situation sécuritaire difficile a amené les populations du Sahel dans les rues.
"J’ai perdu beaucoup de parents à Solhan. Nous sommes fatigués. Nous demandons que le gouvernement doit agir", affirme un marcheur.
"On se sent délaissés, on se sent seuls, on se sent marginalisés", indique un autre.
"Je suis sortie parce que je suis une victime. Il y a mon neveu Aziz Guindo qui a été tué. Ce qui nous fait mal c’est qu’on n’a même pas pu voir les corps de nos enfants. Ils ont négligé le Sahel", explique cette dame.
"Parmi les 13 régions du pays, la région du Sahel est celle qui est la plus affectée par cette question sécuritaire. Nous avons le nombre de déplacés le plus élevé, le nombre d’écoles fermées le plus élevé, le nombre d’enfants déscolarisés le plus élevé, et ça ce sont des risques. Nous avons même l’absence de l’administration dans plusieurs communes de notre région. Nous sommes fatigués de tout ce que nous vivons, de l’insécurité", a expliqué Ali Bocoum, président du conseil régional des jeunes du Sahel, l’un des organisateurs de la marche.
Les analystes s’interrogent toujours sur l’attaque de Solhan.
"Est-ce que nous sommes à la hauteur de cette tâche ? Est-ce que les stratégies et les moyens mis à la disposition de nos forces de défense et de sécurité sont à la hauteur de la tâche ? Est-ce que l’organisation de la défense et de la sécurité est à la hauteur de la tâche? C’est très difficile d’enregistrer un tel nombre de morts. Quel est le dispositif de riposte mis en place pour éviter ce massacre quand on sait qu’il y a un détachement militaire qui est à 12km du lieu du forfait", a affirmé Paz Hien, juriste et analyste politique
Pour sa part, le gouvernement continue de rassurer les populations que des actions sont menées pour venir à bout du terrorisme.