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Polémique sur la libération d'un violeur en Espagne


Des dizaines de milliers de personnes manifestant à Pampelune en Espagne le 28 avril 2018. Le 26, un tribunal a condamné cinq hommes à neuf ans de prison pour abus sexuel -et non pour viol- sur une jeune fille de 18 ans.
Des dizaines de milliers de personnes manifestant à Pampelune en Espagne le 28 avril 2018. Le 26, un tribunal a condamné cinq hommes à neuf ans de prison pour abus sexuel -et non pour viol- sur une jeune fille de 18 ans.

La libération d'un violeur en série ayant passé 20 ans de prison, mais dont l'administration n'exclut pas qu'il récidive, a semé l'émoi en Espagne.

L’Espagne se mobilise en masse contre les violences sexuelles depuis le 26 avril, lorsqu’un tribunal n’a retenu que l'"abus sexuel" -et pas le viol- sur une jeune femme de 18 ans victime de cinq hommes.

D'innombrables femmes ont participé à une campagne sur les réseaux sociaux consistant à révéler les abus dont elles ont souffert, sous l'étiquette #cuéntalo (raconte-le).

Jeudi, ce sont les images de l'ancien détenu G.C. qui ont empli les émissions matinales des télévisions. Dès l'aube, les caméras attendaient la sortie de prison de cet homme condamné pour 15 agressions sexuelles sous la menace d'un couteau et de deux tentatives à Barcelone (nord-est), entre 1997 et 1998.

Cachant son visage sous une capuche et une écharpe, cet Espagnol a regretté les douleurs causées et assuré aux médias qu'il avait mené à bien sa réhabilitation. "Les programmes contre les gens qui ont commis le même délit que moi sont efficaces si on le veut. Si on ne le veut pas, bien sûr, on reste pareil. Moi j'ai réussi", a-t-il affirmé.

Même s'il s'était vu condamner au total à 167 ans de réclusion, le détenu avait purgé les 20 ans de peine maximale prévue dans sa condamnation.

Cependant, le parquet a activé un protocole de surveillance spéciale à sa sortie, après avoir reçu un avertissement des services pénitentiaires, concluant qu'il existait un "risque - modéré à élevé - de récidive".

Manifestation de protestation

Les craintes se sont aussitôt réveillées dans le quartier barcelonais de la Verneda où l'homme avait résidé et des collectifs féministes y ont convoqué une manifestation dans la soirée, invoquant "un risque pour les femmes du quartier".

Cette marche de protestation "ne mène à rien", a cependant assuré Me María José Varela, une avocate des victimes. Pour elle, la manifestation ne devait pas avoir lieu dans le quartier mais face aux institutions pénitentiaires.

"Ce monsieur a purgé sa peine, nous n'avons rien à dire, tout est correct. Que se passe-t-il, alors? Il apparaît que bien qu'ayant été en prison, il n'est pas réhabilité. Il y a un problème", a-t-elle insisté.

"Ici en Catalogne, j'ai représenté toutes les victimes de violeurs en série et tous sont sortis avec le même rapport d'absence de réhabilitation", a-t-elle affirmé, soulignant que l'an dernier, l'un d'eux avait récidivé quelques mois après sa libération.

Un cas similaire a marqué la France cette semaine: un homme condamné en 1996 pour "viol avec arme sur mineure de moins de 15 ans" a été arrêté pour avoir violé et tué une adolescente de 13 ans.

L'Espagne, quant à elle, reste sous le coup du jugement de "la meute", rendu le 26 avril par un tribunal de Navarre (nord).

Cinq hommes, âgés de 27 à 29 ans, ont été condamnés chacun à neuf ans de prison mais seulement pour "abus sexuel" aggravé d'"abus de faiblesse" sur une Madrilène de 18 ans, rencontrée pendant les fêtes de la San Fermin à Pampelune (nord).

Les avocats des cinq hommes avaient soutenu que la jeune fille était "consentante" puisque qu'elle n'avait jamais semblé dire "non", sur les images de la scène filmée par les violeurs eux-mêmes.

Les juges avaient exclu le "viol" pour lequel le Code pénal espagnol stipule qu'il doit y avoir eu "intimidation" ou "violence."

Ce jugement a suscité une énorme vague de protestations. Des représentants de tous les partis ont exprimé leur désaccord et le gouvernement a envisagé une révision du Code pénal.

Avec AFP

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