"Je veux être imprévisible", avait lancé le futur 45e commandant en chef de la première puissance mondiale lors de son unique discours de politique étrangère en avril.
Des experts rattachent ce novice en politique au courant isolationniste, l'un des cycles de la politique étrangère de l'Amérique depuis le 19e siècle. Hillary Clinton aurait au contraire été probablement une présidente plus interventionniste sur la scène internationale.
Sous la présidence Trump, "les Etats-Unis pourraient sortir de leur rôle de leader de l'ordre international" occidental, redoutait avant l'élection le chercheur Thomas Wright de la Brookings. Si cet "ordre s'effondre, personne ne sait où cela finira et les conditions seront peut-être alors réunies pour une guerre majeure", écrivait-il lundi pour son centre de recherche.
De fait, aux yeux de Donald Trump, les Etats-Unis ne peuvent plus être les gendarmes du monde et ils doivent réduire leur aide internationale.
Durant 16 mois de campagne, le républicain a promis de prendre le contre-pied du démocrate Obama: réconciliation avec la Russie du président Vladimir Poutine, envoi de dizaines de milliers de soldats en Syrie et en Irak pour anéantir le groupe Etat islamique (EI), guerre commerciale avec la Chine, remise en cause des principes de l'Otan et des accords internationaux sur le climat, le libre-échange et le nucléaire iranien.
- Réconcilier Washington et Moscou -
Donald Trump a maintes fois loué les qualités de "dirigeant" de Vladimir Poutine, accusant au contraire Barack Obama d'en être dénué. Il a répété plusieurs fois qu'il serait "bien" d'avoir une "très bonne relation" avec le chef du Kremlin. Mais sans jamais rien détailler de la manière dont il réconcilierait Washington et Moscou.
M. Poutine, qui avait aussi qualifié M. Trump d'"homme brillant et plein de talent", a été le premier mercredi à le féliciter, exprimant lui aussi son "espoir" de meilleures relations russo-américaines, tombées à leur plus bas niveau depuis la Guerre froide.
Ce dégel américano-russe préfigurerait-il une coopération en Syrie contre le groupe EI? Donald Trump ne s'est jamais étendu sur le sujet mais il avait jugé en octobre 2015 que les premières frappes de la Russie en appui à son allié syrien étaient "positives".
- 'Mettre l'EI K.-O.' -
Le candidat populiste a beaucoup varié sur sa stratégie contre l'EI. En septembre 2015, il privilégiait l'"attentisme" en suggérant que le régime syrien et les jihadistes s'entretuent.
Mais en mars, il s'était soudainement engagé à "mettre l'EI K.-O." en dépêchant "20.000 à 30.000" soldats américains en Syrie et en Irak. Le mois dernier, il avait aussi mouché son colistier Mike Pence qui avait réclamé des frappes contre Damas.
Quant à l'offensive contre Mossoul en Irak planifiée pendant des mois, "tant pis pour l'effet de surprise. Quelle bande de tocards nous avons", a-t-il taclé samedi en meeting.
- Chine 'ennemie' de l'Amérique -
En campagne, Donald Trump a souvent accusé la Chine, "ennemie" de l'Amérique, de "voler" des emplois de son pays, de manipuler sa devise et il a menacé la deuxième puissance mondiale d'une guerre commerciale. Et lors de l'essai nucléaire par la Corée du Nord en janvier, il avait exigé que Pékin fasse pression sur son allié communiste. Faute de quoi, "nous devrions rendre très difficile les échanges commerciaux avec la Chine", avait-il mis en garde.
- Otan 'obsolète' -
Donald Trump avait provoqué la consternation en Europe au printemps lorsqu'il avait jugé l'Otan "obsolète" et averti que l'engagement de Washington au côté de ses alliés en cas d'agression russe dépendrait des contributions financières européennes à l'Alliance.
- Le réchauffement du climat, un 'canular' -
Pour le candidat Trump, le réchauffement du climat n'est qu'un "canular" et il a même évoqué l'"annulation" de l'accord de Paris.
Et au nom du protectionnisme, il a pris pour cible l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada (Alena, 1994) et le partenariat transpacifique (TPP, 2015) entre Washington et 11 pays de l'Asie-Pacifique.
En voyage en Nouvelle-Zélande et en Antarctique cette semaine, le secrétaire d'Etat sortant John Kerry a promis une transition en douceur avec la future administration pour "les aider autant que possible (...), sans perdre une miette des grands sujets auxquels nous sommes confrontés".
Interrogé sur le démantèlement promis par M. Trump de l'accord TPP, ceux sur le climat et avec l'Iran, les diplomates du département d'Etat l'assurent: "Nous n'allons pas lever le pied" jusqu'à l'investiture du nouveau président le 20 janvier.
Avec AFP