Leur vote semble traduire un renversement de la position de Droit et Justice (PiS), jusqu'à présent favorable à ce projet.
"Le PiS a composé avec sa conscience, car il a eu peur des femmes descendues dans la rue", a dit l'ancienne Première ministre libérale Ewa Kopacz, membre de la commission de la Justice.
Elle a souligné que "la bataille n'était pas terminée", car il fallait encore que le rejet soit approuvé par l'ensemble des députés, probablement jeudi.
Quelque 100.000 personnes, selon l'estimation prudente de la police, ont participé à des rassemblements et des marches dans toute la Pologne lors du "lundi noir" et de la "grève des femmes" organisés par les adversaires de l'interdiction de l'IVG.
Le lendemain, un début de tournant amorcé par les conservateurs était apparu en filigrane dans une déclaration de la Première ministre Beata Szydlo, qui a tenu à souligner mardi que la proposition de loi était une initiative citoyenne et ne venait pas de son gouvernement.
"Le gouvernement PiS n'a pas travaillé et ne travaille pas sur une loi changeant les dispositions actuelles en matière d'avortement", avait-elle dit lors d'une conférence de presse.
Le ministre de la Science et de l'Enseignement supérieur, Jaroslaw Gowin, est allé plus loin, déclarant à une radio de province qu'un "projet d'interdiction de l'avortement ne passerait pas" concernant les cas de femmes victimes d'un viol, ou dont la santé ou la vie sont menacées.
Les protestations de lundi "nous ont fait réfléchir et nous ont donné une leçon d'humilité", a-t-il ajouté.
De son côté, l'épiscopat catholique a souligné mercredi qu'il était opposé à la peine de prison pour les femmes ayant avorté, inscrite dans la proposition de loi.
Le Parlement européen s'est également saisi de ce dossier mercredi: de nombreux députés issus de plusieurs familles politiques - sauf ceux issus du parti conservateur au pouvoir en Pologne - y ont vivement critiqué le texte lors d'un débat qui avait été prévu avant que ne soit connue l'issue du vote en commission à Varsovie.
Ce vote "est une première victoire", mais "nous allons être vigilants", a ainsi prévenu le chef de file des élus socialistes à Strasbourg, l'Italien Gianni Pittella. "Nous souhaitons que le Parlement polonais tire un trait sur cette proposition, sinon il y aura une opposition farouche de la part de la vaste majorité de ce parlement", a-t-il ajouté.
Au nom du groupe PPE (droite), c'est la Polonaise Barbara Kudrycka - membre de la Plateforme civique, parti de centre-droit désormais dans l'opposition - qui est montée au créneau, en s'adressant aux membres de son gouvernement: "Vous avez des coeurs de pierre! Les femmes ne sont pas des marchandises pour payer vos promesses électorales", a-t-elle déclaré.
Une élue du parti PiS, Jadwiga Wisniewska, lui a répondu que cette question ne relevait pas des compétences de l'Union européenne.
"J'espère vraiment que la Pologne ne cessera pas ses efforts menant à une égalité" entre hommes et femmes, a de son côté souligné la commissaire européenne chargée de l'Egalité des genres, Vera Jourova.
Avec AFP