Le porte-parole n'a pas précisé les chefs de mise en examen du milliardaire de 66 ans, qui a quitté le bureau des juges sans être placé sous contrôle judiciaire.
"Vincent Bolloré qui reste présumé innocent pourra avoir enfin accès à ce dossier dont il n'a jamais eu connaissance et répondre à ces accusations infondées", a ajouté son porte-parole dans le communiqué.
Encore aux commandes du groupe Bolloré, l'industriel, qui a récemment cédé les rênes du géant français des médias Vivendi à son fils Yannick, avait été placé en garde à vue mardi matin dans les locaux de la police anticorruption à Nanterre, près de Paris, avec deux autres cadres de son groupe.
L'enquête, qui vise des soupçons de "corruption d'agents étrangers dépositaires de l'autorité publique", "abus de biens sociaux" et "abus de confiance", est menée par des juges du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris.
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Les juges d'instruction Serge Tournaire et Aude Buresi tentent de déterminer si le groupe Bolloré a utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Havas pour obtenir la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée.
Selon le journal français Le Monde, les magistrats soupçonnent Havas d'avoir sous-facturé ses services afin que le groupe Bolloré décroche ces deux contrats via sa filiale Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.
Une perquisition avait été menée en avril 2016 à la tour Bolloré de Puteaux, près de Paris, siège notamment de cette filiale.
Dans un communiqué transmis mardi, le groupe Bolloré a "formellement" démenti avoir commis des irrégularités en Afrique, où il gère notamment 16 terminaux portuaires. Le groupe est présent dans pas moins de 46 pays du continent (opérateur de lignes ferroviaires, actionnaire de sociétés agricoles, etc...).
"Le lien qui tente d'être fait par certains entre l'obtention de ces concessions et les opérations de communication est dénué de tout fondement économique et révèle une méconnaissance lourde de ce secteur industriel", a-t-il affirmé.
L'annonce de cette garde à vue a fait plonger l'action du groupe Bolloré à la Bourse de Paris: le titre a clôturé en baisse de plus de 6%.
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Au coeur de l'enquête, initiée notamment par les plaintes d'un ancien associé franco-espagnol de Bolloré, Jacques Dupuydauby, se trouvent les conseils prodigués en 2010 par Havas lors des campagnes présidentielles victorieuses d'Alpha Condé en Guinée et de Faure Gnassingbé au Togo. Tous deux avaient eu recours aux activités de conseil d'Havas, pilotées par M. Dorent.
En Guinée, SDV avait obtenu la gestion du port de Conakry quelques mois après l'élection de M. Condé fin 2010. Et au Togo, la filiale avait remporté le marché peu avant la réélection en 2010 de M. Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005.
"Je privilégie les amis"
"Les concessions obtenues au Togo l'ont été en 2001, bien avant l'entrée du groupe dans Havas, et en Guinée, en 2011, à la suite de la défaillance du n°1 (le groupe étant arrivé en seconde position lors de cet appel d'offres), défaillance constatée avant l'élection du président", a fait valoir le groupe Bolloré dans son communiqué.
"Bolloré remplissait toutes les conditions d'appel d'offres. C'est un ami, je privilégie les amis. Et alors ?", avait expliqué Alpha Condé au journal Le Monde en 2016, à propos de ce dossier.
"Dès son arrivée au pouvoir, Alpha Condé a pris une décision qui a surpris plus d'un.La gestion du port sera immédiatement confiée à son ami Vincent Bolloré, sans autre forme de procès", a indiqué à l'AFP Cellou Dalein Diallo, chef de l'opposition guinéenne et candidat malheureux au second tour face à Alpha Condé en 2010 (puis au premier tour en 2015).
"C'est avec les enquêtes en cours en France que les Guinéens découvrent le véritable mobile de cette opération injuste et illégale effectuée par Alpha Condé au lendemain de sa prise de fonctions", a-t-il ajouté.
Une perquisition avait eu lieu en avril 2016 à la tour Bolloré de Puteaux, près de Paris, siège notamment de la filiale Bolloré Africa Logistics, en particulier dans les bureaux de Vincent Bolloré lui-même.
C'est en enquêtant sur les relations de Francis Perez, président du groupe Pefaco, une société spécialisée dans l'hôtellerie et les jeux et très implantée en Afrique, que les enquêteurs ont été amenés à se pencher sur les activités africaines de Vincent Bolloré.
Francis Perez comptait notamment parmi ses relations Jean-Philippe Dorent.
A chaque fois, la désignation de SDV a donné lieu à une bataille judiciaire entre le groupe Bolloré et les anciens gestionnaires des ports.
Concernant le port de Lomé, Jacques Dupuydauby accuse la présidence togolaise d'avoir été corrompue par le groupe français. L'ancien associé de M. Bolloré a affirmé mardi, dans un communiqué à l'AFP, "se réjouir de voir ces instructions progresser". Ses deux plaintes, une d'avril 2012 pour "extorsions de fonds" et l'autre d'avril 2013 pour "trafic d'influence" et "corruption", sont également instruites par le juge Tournaire, selon son avocate, Me Sarah Mauger Poliak.
Dans son bras de fer judiciaire avec l'industriel breton, Jacques Dupuydauby a cependant été condamné en Espagne à 3 ans et neuf mois de prison pour "détournement d'actifs" du groupe Bolloré. La cour d'appel de Paris doit examiner à nouveau le 16 mai la demande d'extradition de Madrid.
S'agissant de Conakry, Bolloré avait perdu sa bataille devant le tribunal de Nanterre face à Necotrans, l'ancien concessionnaire, et a été condamné en 2013 à lui verser plus de 2 millions d'euros. En juin 2017, Necotrans, spécialiste de la logistique en Afrique, a été placé en redressement judiciaire et racheté peu après par le groupe Bolloré.
Avec AFP