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Pour Niamey, "pas possible" d'abandonner l'exploitation du pétrole


Le président du Niger, Mohamed Bazoum.
Le président du Niger, Mohamed Bazoum.

Devant le manque d'aide des pays riches à la transition climatique en Afrique, il n'est "pas possible" d'abandonner l'exploitation du pétrole, un des espoirs du développement au Niger, a affirmé le ministre nigérien des Finances Ahmat Jidoud dans un entretien à l'AFP.

Sans l'exploitation des ressources pétrolières, le risque est de "compromettre notre développement" et de pas pouvoir faire face à "la bombe sociale" dans ce pays très pauvre, a estimé lundi soir Ahmat Jidoud.

"Ce n'est pas possible" de se passer de ce capital, a-t-il martelé, interrogé en marge d'une conférence à Paris visant à mobiliser jusqu'à mardi des fonds d'investisseurs publics et privés pour aider à financer un plan de développement chiffré à 29,6 milliards d'euros sur la période 2022-2026.

Le Niger fait face à de nombreux défis, notamment climatiques et sécuritaires, avec une très forte présence des jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique dans la région sahélienne ainsi que des flots de réfugiés sur son sol.

Le pays est en parallèle devenu un partenaire incontournable de la France au Sahel avec l'arrivée d'un régime militaire au Mali. Son économie reste peu diversifiée, peu industrialisée et dépendante de l'agriculture pour 40% de son PIB, selon la Banque mondiale, ce qui en fait un des pays les plus pauvres au monde.

Le plan de développement nigérien présenté lundi par le président Mohamed Bazoum, également présent à Paris, se base sur 13,35 milliards d'euros de ressources propres de l'Etat, financées en partie grâce au développement des exportations pétrolières et d'un nouvel oléoduc qui devrait dès la fin de l'année prochaine faire culminer la production à 110.000 barils par jour contre seulement 20.000 aujourd'hui.

Les revenus tirés du pétrole pourraient alors représenter jusqu'à la moitié des recettes fiscales du pays et un quart du PIB, estime le gouvernement. Quelques semaines après l'issue de la COP27 à Charm el-Cheikh, la lenteur en matière de transition climatique en Afrique vient surtout des lenteurs des Occidentaux, regrette Ahmat Jidoud.

"L'accompagnement n'est pas là"

"On ne peut pas nous parler de la transition énergétique si l'accompagnement promu par les pays du G20 ne nous parvient pas. Depuis une dizaine d'années les pays développés ont promis d'accompagner les pays en développement, mais à l'épreuve des faits aujourd'hui cet accompagnement n'est pas là", a-t-il critiqué, citant la promesse de 100 milliards de dollars par an il y a treize ans par les pays riches vers les pays du Sud.

"Il est important que nous puissions exploiter nos ressources, quitte à ce que les conditions de la transition climatique puissent se créer au fur et a mesure", a observé le ministre, tout en ajoutant que "dans l'immédiat ce n'est pas possible" de faire sans.

La COP27 a tout de même été marquée par l'adoption d'une résolution qualifiée d'historique par ses promoteurs, sur la compensation des dégâts du changement climatique subis par les pays les plus pauvres.

A travers son plan de développement présenté lundi autour de bailleurs publics et d'investisseurs et "parti sur de très bonnes bases" en matière de financement selon M. Jidoud, le Niger vise à réduire son taux de pauvreté de 43% en 2022 à 35% en 2026.

Lundi soir, les "engagements" culminaient déjà selon le ministère des Finances à 22,3 milliards d'euros de la part des des partenaires techniques et financiers (PTF) du Niger, qui n'avait toutefois pas détaillé dans l'immédiat l'ensemble des partenaires impliqués et la nature des engagements, entre dons et prêts.

Parmi ces bailleurs, la Banque africaine de développement a promis 2,4 milliards d'euros, et la Banque ouest-africaine de développement 680 millions d'euros. La France s'est de son côté engagée à hauteur de 550 millions d'euros.

Ce plan de développement prévoyait initialement 10,28 milliards d'euros de la part de ces partenaires techniques et financiers. Au sein du secteur privé le gouvernement table sur 5,99 milliards d'euros d'engagements.

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