Des pourparlers discrets ont eu lieu cette semaine entre des émissaires du gouvernement camerounais et les principaux leaders séparatistes anglophones pour la première fois depuis le début du conflit qui les oppose, selon des sources.
Julius Ayuk Tabe, le plus important leader séparatiste qui purge actuellement une peine de prison à vie pour ce que le gouvernement considère comme des actes de terrorisme, a confirmé qu'une rencontre a eu lieu jeudi pour discuter de la possibilité d'un cessez-le-feu.
La violence a éclaté dans les zones anglophones en 2017 suite à la répression gouvernementale des manifestations pacifiques d'avocats et d'enseignants anglophones qui se plaignaient d'être marginalisés par la majorité francophone.
Les combats ont fait plus de 3 000 morts et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leur domicile.
L'année dernière, la Suisse a servi de médiateur dans les pourparlers entre le gouvernement et les dirigeants séparatistes en exil, mais ceux-ci sont considérés comme moins influents que M. Tabe et les discussions n'ont pas donné de résultats significatifs.
M. Tabe, le président de l'État autoproclamé d'Ambazonie, a déclaré que neuf dirigeants séparatistes ont participé aux échanges de jeudi. Une rencontre qui a suivi les appels des Nations Unies pour un cessez-le-feu.
"Soyez rassurés que nous restons engagés dans la restauration de l'indépendance de notre patrie", a-t-il déclaré sans donner plus de détails sur la substance des pourparlers.
Les représentants du gouvernement n'ont pas émis de commentaire.
D'après une source sécuritaire, l'ouverture des autorités aux pourparlers reflète la lassitude de la population après trois années de conflit qui n'ont pas abouti à une victoire claire de part et d'autre.
"Cette guerre nous a fait voir la détermination des anglophones d'un point de vue idéologique", a déclaré cette source, ajoutant que la pression internationale a également joué un rôle.
La division linguistique du Cameroun remonte à la fin de la première guerre mondiale, lorsque la Société des Nations (l'ONU) a divisé l'ancienne colonie allemande de Kamerun entre Français et Britanniques.
