Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir --également identifié comme Mohamed Cheikh Ould Mohamed-- a quitté vendredi Nouadhibou (nord-ouest), où il a passé près de quatre ans en détention préventive et où son nouveau procès en appel s'est tenu mercredi et jeudi, pour la capitale Nouakchott, a affirmé à l'AFP une source sécuritaire.
Selon des médias mauritaniens, il se trouverait dans un bâtiment de la gendarmerie, qui assure sa protection, avant un possible départ à l'étranger.
A la suite de la décision jeudi, "le parquet a immédiatement fait un recours en cassation devant la Cour suprême", indique le parquet général du tribunal de Nouadhibou dans un communiqué reçu vendredi par l'AFP.
Ce pourvoi vise à "une application saine et rigoureuse de la loi", la décision de la Cour d'appel étant contraire aux réquisitions du procureur qui avait demandé la confirmation de la peine capitale, selon le texte.
L'accusé, un musulman âgé d'une trentaine d'années, était en détention depuis janvier 2014 pour un article sur internet taxé de blasphème envers le prophète de l'islam.
Le parquet général souligne aussi que "le pouvoir judiciaire est la seule autorité compétente pour trancher juridiquement les affaires portées devant la justice".
L'annonce du verdict jeudi avait été couverte par le brouhaha de partisans d'une nouvelle condamnation à mort.
Répondant à des appels sur les réseaux sociaux pour faire de vendredi un jour "de la colère", des fidèles ont tenté de se rassembler dans plusieurs endroits de la capitale, notamment à proximité la mosquée centrale, où la prière du vendredi s'est déroulée sous haute surveillance policière, a constaté un correspondant de l'AFP.
Les manifestants portaient des pancartes et criaient des slogans appelant à la "reprise du procès du blasphémateur" et à sa condamnation à mort. "Au secours de notre prophète", "Condamnez le criminel à mort", "La potence, pas la liberté", pouvait-on notamment lire sur les pancartes.
Ils ont tenté de marcher sur le siège de la présidence de la République, mais en ont été empêchés sans ménagement par les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques et procédé à des interpellations, selon la même source.
Deux heures après le début des manifestations, des escarmouches avaient toujours lieu entre manifestants et policiers dans le centre de la ville, où flottait une odeur de gaz lacrymogène, selon le journaliste de l'AFP.
Le jeune homme avait été reconnu coupable d'apostasie et condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou.
Le 21 avril 2016, la Cour d'appel de Nouadhibou avait confirmé la peine de mort mais en requalifiant les faits en "mécréance", une accusation moins lourde prenant en compte le repentir de l'accusé, puis renvoyé son dossier devant la Cour suprême. Celle-ci avait ordonné un nouveau procès devant une Cour d'appel autrement composée.
La peine capitale n'a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987. Cette affaire est le premier cas de condamnation à mort pour apostasie dans le pays. Elle a soulevé une vague d'inquiétude des organisations de défense des droits de l'Homme.
Avec AFP