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Présidentielle annulée au Malawi : "La démocratie a gagné", lance le chef de l'opposition


Lazarus Chakwera, chef du Parti du Congrès du Malawi (MCP), principal parti d'opposition du Malawi, au siège du MCP à Lilongwe, le 24 janvier 2019.
Lazarus Chakwera, chef du Parti du Congrès du Malawi (MCP), principal parti d'opposition du Malawi, au siège du MCP à Lilongwe, le 24 janvier 2019.

Le chef de l'opposition au Malawi, Lazarus Chakwera, a salué mardi à Lilongwe, devant ses partisans, la victoire de "la démocratie" après la décision historique de la Cour constitutionnelle d'annuler la présidentielle de 2019 remportée "indûment" par le président sortant Peter Mutharika.

Quelques heures plus tard, le porte-parole de M. Mutharika a annoncé que le président sortant allait faire appel de l'annulation de sa victoire.

Devant la foule de ses partisans, l'opposant Lazarus Chakwera, arrivé deuxième de l'élection présidentielle, a salué la décision d'annulation. "Ces élections ont été entachées de tellement d'irrégularités (...) et maintenant la justice a prévalu", a-t-il lancé.

M. Chakwera, leader du Parti du congrès du Malawi (MCP), avait échoué de justesse à la la présidentielle en mai 2019. Seulement 159.000 voix le séparaient du vainqueur Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014.

"C'est un grand jour (...). C'est la démocratie qui a gagné, c'est le Malawi qui a gagné, c'est l'Afrique qui a gagné", a ajouté mardi Lazarus Chakwera, qui avait saisi la justice pour obtenir l'annulation de l'élection.

Lundi, la Cour constitutionnelle lui a donné raison, en ordonnant un nouveau scrutin d'ici cinq mois. Seuls 23% des procès-verbaux ont été vérifiés, a déclaré la Cour, qui a aussi dénoncé l'utilisation "injustifiable" de liquide correcteur blanc pour falsifier des votes.

Lazarus Chakwera a pris la parole devant au moins 10.000 de ses supporters descendus mardi dans les rues de la capitale Lilongwe pour fêter leur victoire judiciaire, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les forces de sécurité n'étaient pas visibles à proximité du rassemblement organisé dans le calme, à quelques kilomètres de la présidence, contrastant avec les violences qui ont émaillé de nombreuses manifestations de l'opposition ces derniers mois et fait au moins deux morts.

"La justice l'a emporté", s'est réjoui un habitant de Lilongwe, Brian Kalinde. "On a démontré que la démocratie fonctionne en Afrique", a réagi un autre partisan de l'opposition, Lameck Hango. "Je suis aux anges", "un nouveau jour se lève sur le Malawi", a dit une étudiante, Laura Banda.

"Nouvelles élections !", a titré le Daily Times. "Nul et non avenu", a lancé The Nation à la Une, avec une grande photo d'un supporter de l'opposition jubilant, sifflet en bouche et grosse radio sur l'épaule.

- Mutharika va faire appel -

Le président Mutharika, qui disposait de six semaines pour faire appel, a décidé de le faire.

"Je peux confirmer que le professeur (...) Mutharika va faire appel du jugement de la Cour constitutionnelle annulant l'élection générale du 21 mai" 2019, a indiqué dans la nuit de mardi à mercredi son porte-parole Mgeme Kalilani, dans un SMS à l'AFP.

Le porte-parole a déclaré que la décision de la Cour constituait "une erreur judiciaire et une attaque contre les fondations de la démocratie de notre pays".

Parmi les partisans du pouvoir, la pilule était difficile à avaler, mais le calme a prévalu mardi dans le pays.

Le Parti progressiste démocratique (DPP), au pouvoir, a lancé un appel au calme. Il "demande à tous ses partisans et aux Malawites de bonne volonté de maintenir la paix et l'ordre au moment où nous préparons le chemin pour aller de l'avant," a déclaré dans un communiqué le secrétaire général du parti, Grezeldar Jeffrey.

Dans la capitale, les magasins ont ouvert mardi comme à l'accoutumée. En revanche, la plupart des établissements scolaires qui avaient décidé de fermer les deux premiers jours de la semaine en prévision d'éventuels incidents l'étaient toujours mardi.

- "Force de notre démocratie" -

Pour l'ancien président du Malawi Bakili Muluzi, l'arrêt de la Cour marque "un moment important dans l'histoire". La Cour "a démontré au monde la force de notre démocratie", a-t-il estimé.

Les invalidations d'élection sont rarissimes en Afrique.

En 2017, la Cour suprême du Kenya avait invalidé pour "irrégularités" la réélection du président Uhuru Kenyatta et ordonné l'organisation d'un nouveau scrutin dans les deux mois, une première sur le continent. Au final, Uhuru Kenyatta avait été réélu lors d'un scrutin boycotté par l'opposition.

"Le plus gros travail commence maintenant", a estimé mardi Chikosa Silungwe, avocat de l'opposant malawite Saulos Chilima, arrivé troisième de la présidentielle.

"La grande question maintenant est de savoir si le Malawi va mener à bien ce processus sans précédent", a souligné Michael Jana, professeur de sciences politiques à l'université sud-africaine de Witwatersrand.

Au Zimbabwe, le chef de l'opposition, Nelson Chamisa, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, entachée selon lui de fraudes, s'est également félicité de la décision de justice malawite, y voyant un signe de bon augure pour l'Afrique.

"Pendant trop longtemps, notre continent a été rongé par le fléau d'élections injustes", a-t-il déclaré, saluant un arrêt qui "donne de l'espoir".

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