L'opposition burkinabè a affirmé samedi qu'une "fraude massive" était en préparation à la veille de l'élection présidentielle au Burkina Faso, menaçant de ne pas reconnaitre "des résultats entachés d'irrégularité".
"Il est clair qu'il y a une grande opération orchestrée par le pouvoir en place d'une fraude massive pour légitimer" une victoire au premier tour du président sortant, candidat à sa réélection, Roch Marc Christian Kaboré, a déclaré lors d'un point de presse Zéphirin Diabré, chef de file de l'opposition et principal challenger du chef de l'Etat.
"Nous n'allons pas accepter des résultats entachés d'irrégularité", a menacé M. Diabré, entouré de cinq autres candidats de l'opposition (sur 12 au total), dont Eddie Komboïgo, candidat du parti de l'ancien président Blaise Compaoré et présenté comme le troisième homme du scrutin de dimanche.
"Il est absolument inconcevable après avoir parcouru tout le Burkina Faso de penser avoir un parti gagnant dès le premier tour", a martelé M. Diabré, ajoutant qu'une "plainte sera déposée en bonne et due forme auprès du procureur du Faso".
Le clan présidentiel a promis, comme en 2015, une victoire au premier tour de ce scrutin considéré comme le plus ouvert de l'histoire du Burkina, pays très pauvre d'Afrique de l'Ouest qui a connu de multiples coups d'Etat depuis son indépendance.
Une victoire dès le premier tour permettrait à Roch Kaboré d'éviter un second tour contre un candidat soutenu par l'ensemble de l'opposition.
La présidentielle couplée aux législatives se tient alors que le Burkina Faso vit ses heures les plus sombres depuis l'indépendance, miné par des attaques de groupes jihadistes qui ont fait au moins 1200 morts en cinq ans.
Le nombre de personnes déplacées du fait de ces attaques a augmenté de façon exponentielle en deux ans jusqu'à atteindre le million, soit 5% de la population burkinabè.
Le double scrutin ne pourra pas se tenir sur au moins un cinquième du territoire.
La crainte d'attaques jihadistes le jour du vote est dans tous les esprits, alors que les violences ont fait au moins 1.200 morts depuis 2015 et que des pans entiers du territoire échappent au contrôle de l'Etat en raison de ce harcèlement jihadiste quasi quotidien.