"Aujourd'hui, il n'y a plus de belligérance au Mali", a assuré le chef de l'Etat sortant, surnommé "IBK", dans l'avion qui le ramenait d'une tournée électorale auprès des diasporas maliennes de trois pays d'Afrique centrale, à quelques jours du premier tour le 29 juillet.
"Il y a des poches de violence, des résidus de terrorisme, car ni Serval ni Barkhane n'ont pu bouter dehors l'ensemble des terroristes", a-t-il souligné, en référence aux opérations militaires françaises qui se succèdent dans la région depuis 2013.
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"Aussi bien nos forces que les forces internationales amies, comme Barkhane, en sont parfois victimes. Doit-on et peut-on reprocher tout ça à IBK?", a-t-il poursuivi.
"Je le dis, IBK n'est pas un président qui rase les murs, il n'a pas lieu de le faire", a-t-il dit, balayant les critiques de ses opposants qui lui reprochent son goût des voyages et l'accusent de mauvaise gouvernance et d'échec sur le plan de la sécurité.
"Je ne crois pas qu'on puisse parler d'échec. Il y a ce que l'on appelle +l'IBK-bashing+, le +Mali-bashing+, qui ont peut-être de beaux jours encore devant eux mais dont vraiment je n'ai cure. Ce qui m'importe à moi, c'est ce que j'ai à faire au quotidien pour faire avancer le bateau Mali", a affirmé M. Keïta.
"Peuple de métis"
"Tout ce que nous avons acquis l'a été au forceps, tout!", a-t-il estimé, considérant comme un succès marquant la conclusion de l'accord de paix de mai-juin 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg, malgré les retards enregistrés dans son application.
Face à "cette sorte de métastase qui atteint aujourd'hui le centre du Mali", a dit le président sortant, en référence aux conflits intercommunautaires qui ensanglantent cette région, l'Etat a réagi, au prix d'un "effort colossal au plan budgétaire".
Les populations du centre "ont l'habitude de vivre ensemble, et ça depuis des siècles", a-t-il rappelé. "Ce qui est nouveau, c'est cette tentative de blanchissement du terrorisme aujourd'hui qui fait qu'on voudrait nous faire croire qu'il y aurait aujourd'hui une politique d'élimination, même de génocide d'un peuple, les Peuls".
"Je dis non. Nous sommes un peuple de métis, de Peuls, de Mandingues, de Bozos, de Bamanans", a déclaré "IBK", accusant les jihadistes de vouloir "introduire ce virus, ce venin" des affrontements entre communautés après avoir "échoué dans leur tentative de conquête territoriale".
"Ma campagne n'en a pas moins été l'occasion de dire ce que j'avais à dire à cet égard", a-t-il indiqué, notamment à Koro (centre) devant les chasseurs dogons, accusés d'exactions envers les Peuls.
"Vous n'avez pas le droit d'assurer la défense territoriale, telle n'est ni votre mission ni votre vocation", a affirmé leur avoir dit le président malien, pour s'entendre répondre "par l'envoyé des notables, celui-là même qui est le chef de la milice dogon", que le message avait été bien reçu.
Vrais militaires
"Jamais nous ne permettrons à une autre force que l'armée malienne d'être armée", a promis Ibrahim Boubacar Keïta, tout en se félicitant d'avoir fait "en sorte que le Mali ait les moyens de sa défense".
"Aujourd'hui, un militaire malien quand on le voit il a l'air d'un militaire, il a un casque de combat, il a un gilet pare-balles, il a des Rangers, il a un fusil. Il y en avait un pour deux ou trois, ça n'est plus le cas", a-t-il précisé.
"Nous formons au quotidien nos hommes aux règles d'engagement, à l'observation stricte des droits de l'homme", a-t-il ajouté, au sujet des accusations d'exactions visant des militaires maliens. "Ce qui peut arriver çà et là, comme dans toute armée du monde, n'est pas nié et est suivi d'enquêtes".
Le président sortant a dit sentir depuis le début de la campagne chez ses concitoyens l'espoir "en un Mali dont le chemin qu'il a parcouru aujourd'hui est estimé appréciable, insuffisant mais appréciable, allant dans la bonne direction".
Il a souhaité assister "à une fête électorale le 29 juillet", marquée par des élections apaisées "auxquelles le peuple malien appelle de tous ses voeux, de son tréfonds depuis des mois et des mois".
Avec AFP