Bola Tinubu, candidat du parti au pouvoir, le All Progressives Congress (APC), pour l'élection présidentielle de 2023 au Nigeria, a choisi dimanche le sénateur Kashim Shettima pour être son colistier.
Originaire de Lagos (sud-ouest), M. Tinubu, 70 ans, a fait un choix à la fois logique et osé. Logique parce que M. Shettima, 55 ans, est originaire de l'État de Borno, ce qui équilibre le duo en termes d'âge et de représentativité géographique, comme il est d'usage dans la politique nigériane au cours des dernières décennies.
Là où le choix est osé, c'est en ce sens que les deux candidats sont musulmans: ce faisant, Bola Tinubu rompt avec une pratique de longue date selon laquelle les candidats à la présidence des principaux partis choisissent des colistiers de religion différente dans le but de favoriser l'unité nationale.
"Il est compétent, capable et fiable", a déclaré M. Tinubu devant les journalistes après avoir rencontré le président Muhammadu Buhari dans l'État de Katsina (nord), où ce dernier, qui ne peut plus être candidat après deux mandats successifs, est allé célébrer la fête de la Tabaski.
En face, l'ancien vice-président Atiku Abubakar, candidat du People's Democratic Party (PDP), principale formation de l'opposition, n'a pas dérogé à la norme: musulman originaire de l'Adamawa (nord), il a jeté son dévolu sur un gouverneur chrétien et sudiste, Ifeanyi Arthur Okowa, chef de l'exécutif de l'État du Delta.
Depuis la fin du régime militaire en 1999, le Nigeria suit une règle non écrite selon laquelle le pouvoir est partagé entre le nord, majoritairement musulman, et le sud, principalement chrétien.
L'insécurité croissante sera un enjeu électoral majeur l'année prochaine. L'insurrection islamiste qui dure depuis dix ans, les attaques et les enlèvements contre rançon perpétrés par des bandes armées, principalement dans le nord-ouest, sont quelques-uns des principaux problèmes de sécurité.