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L'opposition ivoirienne appelle au "boycott actif" de la présidentielle


Ivorian opposition rally at Abidjan's main stadium
Ivorian opposition rally at Abidjan's main stadium

L'ancien président Henri Konan Bédié et Pascal Affi N'Guessan appellent les Ivoiriens à "empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin".

L'opposition ivoirienne a franchi jeudi un nouveau pas vers le boycott total de la présidentielle du 31 octobre, en demandant à ses partisans de boycotter les opérations électorales et la campagne.

Cette annonce survient dans un contexte tendu, de nombreux observateurs redoutant une crise pré-électorale ou post-électorale, dix ans après celle de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts et plongé le pays dans le chaos.

Dans une déclaration commune, les deux principaux candidats de l'opposition, l'ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan et l'ancien président Henri Konan Bédié ont assuré: "le processus électoral en cours ne nous concerne nullement", sans toutefois annoncer leur retrait de l'élection.

"Nous invitons nos militants (...) à mettre en application le mot d'ordre de boycott actif par tous les moyens légaux à leur disposition, afin que le pouvoir actuel consente à convoquer l'ensemble des forces politiques nationales afin de trouver des solutions acceptables à toutes les revendications", a lancé M. Affi N'Guessan, qui s'exprimait aux côtés de M. Bédié à la résidence de celui-ci à Abidjan.

Il a demandé aux militants de "s'abstenir de participer tant en ce qui concerne la distribution des cartes électorales qu'en ce qui concerne la campagne électorale", de "faire barrage au coup d'Etat électoral que le président Alassane Ouattara s'apprête à commettre", et d'"empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin".

Les deux hommes, qui n’ont pas répondu aux questions des journalistes, se bornant à la déclaration, ont promis une conférence de presse vendredi.

L'opposition, qui laisse planer le doute sur un boycott de l'élection présidentielle depuis des semaines, demande une réforme du Conseil constitutionnel et de la Commission électorale indépendante, "inféodés" au pouvoir selon elle.

Elle estime que le président Alassane Ouattara n'a pas le droit de se présenter à un troisième mandat et conteste le rejet des candidatures de poids-lourds de la politique ivoirienne, notamment celles de l'ancien président Laurent Gbagbo et de l’ancien chef rebelle, ancien président de l'Assemblée nationale et ex-premier ministre Guillaume Soro.

Elu en 2010, réélu en 2015, Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d'avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La loi ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats de M. Ouattara a été remis à zéro.

Panneau publicitaire de la campagne du président de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara à Abidjan, le 15 octobre 2020.
Panneau publicitaire de la campagne du président de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara à Abidjan, le 15 octobre 2020.

Une quinzaine de personnes sont mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l'annonce de sa candidature et des échauffourées ont eu lieu dans plusieurs localités après l'annonce par le Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus pour le scrutin.

Des incidents se sont déroulés jeudi, la circulation sur plusieurs routes ayant été perturbée ou coupée par des arbres abattus dans la nuit, entre Abidjan et Dabou (sud), à 20 km de Gagnoa (sud-ouest), et près de Daoukro (centre-est).

A Abidjan, des affiches du président Ouattara ont fait leur apparition sur des panneaux publicitaires. Aucune affiche de l'opposition n'était visible.

La participation des 7,5 millions d'électeurs de ce pays de 25 millions d'habitants, premier producteur mondial de cacao, sera une des clés de l'élection. De nombreux observateurs craignent une forte abstention dans un pays où l'âge médian est de 18,7 ans alors que les deux principaux candidats dominent la scène politique depuis 30 ans.

Signe de l'inquiétude générale, la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Union africaine (UA) et l'ONU ont dépêché une mission sur place qui a exprimé sa "vive préoccupation", soulignant que "les discours de haine aux relents communautaires se sont malheureusement invités dans le champ de la compétition politique".

L'organisation de prévention des conflits International Crisis Group (ICG), préconise elle "un court report de l'élection" afin "d'apurer le contentieux qui rend improbable l'organisation d'une élection apaisée et transparente le 31 octobre".

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