Les avocats de M. Soro, actuellement en France, ont déposé jeudi une requête d'inconstitutionnalité du scrutin. Il avaient déposé dimanche deux requêtes: une défendant l'éligibilité de leur candidat M. Soro et une mettant en cause l'éligibilité du président Alassane Ouattara, qui brigue un troisième mandat, a expliqué à l'AFP l'ancienne ministre Me Affoussiata Bamba Lamine, qui fait partie du collectif d'avocats de M. Soro.
"Le code électoral a été fait en violation de la constitution. Le président Ouattara a pris une ordonnance portant code électoral alors qu'au nom de la séparation des pouvoirs, il faut une loi votée par les députés", estime Me Bamba Lamine.
"De plus, avec le nouveau code, le Conseil constitutionnel doit vérifier les parrainages. Or, il n'a pas la capacité de le faire. Qu'on me dise comment il vérifie? Comment il va vérifier que les milliers de parrainages sont vrais?", dit-elle.
Pour se présenter, les candidats devaient obtenir le parrainage d'au moins 1% des électeurs dans au moins 17 des 31 régions du pays. Cela représente des milliers de parrainages par candidats. Le président Ouattara s'est par exemple targué d'en avoir apporté un million.
Par ailleurs, l'équipe de Soro a déposé dimanche, une requête demandant l'annulation de la radiation des listes électorales de M. Soro et soutenant son éligibilité.
M. Soro, comme l'ex-président Laurent Gbagbo, ont été radiés des listes au motif qu'il ont été condamnés par la justice ivoirienne. M. Soro a été condamné fin avril à 20 ans de prison pour recel de détournement deniers publics.
Pour ses avocats, ce "jugement n'a aucune valeur" parce qu'il est contraire à une décision antérieure, de norme supérieure, de la Cour africaine des Droits de l'Homme et des peuples (CADHP) demandant à la Côte d'Ivoire de suspendre les procédures contre M. Soro.
"De la même manière que la CEI les a radié des listes, le Conseil constitutionnel devrait déclarer M. Gbagbo et Soro inéligibles en raison des condamnations", avait affirmé une source judiciaire à l'AFP la semaine dernière.
La troisième requête des avocats porte sur l’éligibilité de M. Ouattara. Elle a été déposée à la fois au nom de M. Soro mais aussi du candidat et ancien président Henri Konan Bédié.
Comme l'ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan qui a aussi déposé une requête dans le même sens, le clan Soro estime qu'une troisième candidature de M. Ouattara est inconstitutionnelle puisque la Constitution limite à deux le nombre de mandats.
Les partisans de M. Ouattara affirment que le changement de Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro.
L'annonce de la candidature de M. Ouattara a provoqué des manifestations qui ont dégénéré en violences ayant fait une quinzaine de morts en août.
Le Conseil constitutionnel avait quinze jours à partir du 3 septembre pour publier la liste des candidatures validées.
En Guinée voisine, le Conseil constitutionnel a validé la candidature à une troisième mandat du président Alpha Condé qui faisait l'objet d’une contestation populaire depuis des mois.