La sélection parmi douze candidats déjà en lice sera longue jusqu'en octobre, prédisent des diplomates et compliquée, tant la compétition est ouverte.
Six hommes et six femmes ambitionnent de devenir secrétaire général(e) le 1er janvier prochain.
Huit d'entre eux viennent d'Europe de l'Est, comme la Bulgare Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco, ou l'ancien président slovène Danilo Türk.
Mais le Portugal est aussi représenté, par l'ancien Haut-commissaire aux réfugiés Antonio Guterres, de même que l'Argentine ou le Costa Rica.
Parmi les candidates de premier plan figurent la Néo-zélandaise Helen Clark --la femme la plus haut placée dans la hiérarchie de l'ONU-- et Susana Malcorra, ministre argentine des Affaires étrangères et ex-chef de cabinet de M. Ban.
Une tradition de rotation géographique voudrait que le poste revienne à l'Europe de l'Est, et de nombreuses voix se sont exprimées en faveur d'une femme, ce qui serait une première.
Mais l'Ukraine, membre non permanent du Conseil, n'entend pas "promouvoir seulement les candidats d'Europe de l'Est", a déclaré à l'AFP son ambassadeur Volodymyr Yelchenko. "Nous considérerons la personne dans son ensemble".
Et la liste des prétendants n'est pas close : l'ancien Premier ministre australien Kevin Rudd pourrait se mettre sur les rangs, de même que la commissaire européenne bulgare Kristalina Georgieva.
Chaque ambassadeur, accompagné d'un seul diplomate pour limiter les fuites, devra assigner à chaque candidat une des trois mentions suivantes : "encourage", "décourage" ou "sans opinion".
Il s'agit de faire le tri en incitant ceux qui ont le moins de chances de réunir un consensus autour de leur nom à jeter l'éponge.
Le choix final du Conseil est ensuite entériné par l'Assemblée générale de l'ONU.
- 'Plus petit dénominateur commun' -
Mais rien n'oblige un candidat boudé par une majorité des 15 ambassadeurs à se retirer.
Et pour compliquer les pronostics, tous les votes ne se valent pas : les maîtres du jeu sont les cinq membres permanents du Conseil, Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France, seuls à disposer d'un droit de veto.
Pendant les premiers tours, tous les bulletins sont de couleur blanche. Mais à un moment donné, les membres permanents déposeront des bulletins de couleur.
Un candidat "découragé" par un tel bulletin saura alors qu'il est bloqué sans savoir par qui puisque tout restera confidentiel. Mais là encore, rien ne l'oblige à déclarer forfait.
Il peut arriver qu'un candidat un moment bloqué s'impose finalement, au fil des négociations.
Du temps de la Guerre froide, les votes de la Russie et des Etats-Unis finissaient ainsi par s'annuler, au bénéfice d'un candidat de compromis.
En 1996, le prédécesseur de M. Ban, Kofi Annan, avait fini par l'emporter malgré deux vetos de la France.
Ce système favorise "le plus petit dénominateur commun", c'est-à-dire le candidat qui gêne le moins les cinq grandes puissances, explique un diplomate. "Danilo Türk, par exemple, joue très bien cette carte", selon lui.
"Il a de l'expérience et n'a de problème ni avec la Russie ni avec les Occidentaux", note un ambassadeur du Conseil.
Mais d'autres se demandent si un candidat falot et consensuel est la meilleure solution pour restaurer la crédibilité de l'ONU, mise à mal par son impuissance en Syrie et par les violences sexuelles de ses Casques bleus en Afrique.
Après chaque vote, le Conseil communiquera le score de chaque candidat au pays qui l'a proposé, mais sans le rendre public.
Pour la première fois, l'Assemblée générale a imposé un semblant de transparence dans ce jeu opaque. Elle a organisé une série d'auditions où les candidats ont pu détailler leurs "professions de foi" souvent un étalage de platitudes et répondre aux questions de diplomates et d'ONG.
Chaque candidat a aussi passé un entretien d'embauche, toujours à huis clos, devant le Conseil. Mais selon des diplomates présents, personne n'a vraiment dévoilé ses cartes.
Avec AFP