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Les "petits" candidats bataillent pour exister dans la course à l'Elysée


Les candidats à la présidentielle française avant leur débat sur les chaînes privées BFM TV et CNews, près de Paris, le 4 avril 2017
Les candidats à la présidentielle française avant leur débat sur les chaînes privées BFM TV et CNews, près de Paris, le 4 avril 2017

Les sondages ne leur accordent qu'une poignée de suffrages - au total à peine 5% des intentions de vote - mais ils défendent leur place dans la course à l'Elysée, fort des 500 signatures qu'ils ont réussi à compiler, parfois dans la douleur.

Les cinq "petits" candidats à la présidentielle française bataillent pour tenter de jouer les trouble-fête au soir du 1er tour et tentent par tous les moyens de faire entendre leur voix singulière, parfois déroutante ou décalée.

Les sondages ne leur accordent qu'une poignée de suffrages - au total à peine 5% des intentions de vote - mais ils défendent leur place dans la course à l'Elysée, fort des 500 signatures qu'ils ont réussi à compiler, parfois dans la douleur.

"Dire qu'il y a des petits et des grands candidats, c'est dire qu'il y a des candidats plus ou moins légitimes", regrette Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, le mieux servi par les enquêtes d'opinion, avec 2% d'intentions de vote.

Ouvrier chez Ford, il a marqué les esprits lors du seul débat télévisé entre les onze candidats, par son allure décontractée et surtout ses attaques directes sur les démêlés judiciaires de la candidate d'extrême-droite Marine Le Pen et du conservateur François Fillon, tous deux ciblés par des enquêtes sur des emplois fictifs.

Ces sorties, en décalage avec le ton habituellement plus policé de ces émissions, ont souvent été saluées comme un vent de franchise opportun, sur les réseaux sociaux et dans la presse, à l'instar du New York Times qui se réjouissait de voir un mécanicien faire "éclater la bulle de l'élite politique française".

Cette capacité à troubler le jeu d'une campagne où seuls les grands auraient la parole, c'est justement ce qui fonde la candidature des "petits", explique l'un d'entre eux, Jacques Cheminade, 75 ans, doyen des candidats qui mène sa troisième campagne présidentielle mais reste en-dessous du 1% d'intentions de vote.

Les petits "enrichissent la République avec leur +bol d'oxygène+", soutient-il. "C'est très important de donner cette respiration", surtout dans une campagne "délétère" marquée par les affaires, insiste-t-il.

Ancien berger devenu un député habitué aux coups d'éclat, Jean Lassalle, 62 ans, entend aussi incarner cette bouffée d'air, quitte parfois à récolter sourires et railleries.

'Prophète du bonheur'

Lors du débat des 11 candidats, c'est son nom qui a été le plus recherché sur internet, selon Google trends. Sa voix rocailleuse et ses interventions très lentes, toujours introduites par un "Mes chers compatriotes" au parfum suranné, ont étonné. Sans doute autant que la propension impressionnante d'un autre nouveau venu, François Asselineau, à énumérer les articles de la Constitution française ou des traités européens.

Inconnu du grand public il y a peu, ce dernier, ancien haut fonctionnaire de 59 ans, déroute par ses accusations contre les services secrets américains, qui lui ont valu l'étiquette de complotiste.

Ce qualificatif, c'est "la tarte à la crème pour empêcher toute pensée", s'énerve le candidat de l'Union Populaire Républicaine (UPR).

"Un postulant à la présidence de la République ne peut prétendre que nous vivons dans un monde de Bisounours et que l'action de la CIA, c'est comme le nuage de Tchernobyl, ça s'arrête aux frontières de l'Hexagone", se défend-il.

"Insignifiants", "folkloriques", "farfelus" ? Les intéressés n'ont cure de ces jugements et pour certains, peu importe même le résultat final: "je pense inspirer et ça c'est plus intéressant que tout le reste", dit M. Cheminade.

Cet ancien énarque, depuis longtemps raillé pour ses projets de colonisation spatiale ou ses autoportraits flatteurs, se voit avant tout comme un "éclaireur", un "prophète du bonheur". Il veut mettre fin à l'"occupation financière de la France" qui "nous empêche de développer nos capacités créatrices".

Pour Philippe Poutou, comme pour l'autre candidate trotskiste, Nathalie Arthaud qui souhaite avant tout "renverser cette société, dominée par le pouvoir de l'argent", la présidentielle est avant tout un moyen d'exprimer et de faire progresser ses idées.

Jean Lassalle, lui, a "la certitude" qu'il sera le prochain président tandis que François Asselineau, le candidat du "Frexit" qui souhaite une sortie immédiate de l'Union européenne et de l'Otan, est sûr d'une chose: "je ne ferai pas les scores ridicules qui me sont attribués".

Avec AFP

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