Les extraits forts de l'entretien du président de l'UEFA, donné simultanément à quatre médias européens différents, avaient filtré dès mercredi soir, avant leur publication in-extenso jeudi.
"On veut m'empêcher de me présenter car on sait que j'ai toutes les chances de gagner", "je suis, en toute modestie, le plus à même de diriger le football mondial", ou encore "j'ai l'impression d'être un chevalier du Moyen-Age devant une forteresse, j'essaie d'entrer dans celle-ci pour y ramener le football, mais à la place on me verse de l'huile bouillante sur la tête" : au-delà de ces "punch-lines", Platini le répète, il se "considère comme pleinement candidat".
Son dossier de candidature à la présidence de la Fifa fait en effet bien partie des sept enregistrés mercredi, mais le sien est gelé le temps de sa suspension par la commission d'éthique de la Fifa, qui s'achèvera le 5 janvier. Le triple Ballon d'Or est donc privé de toute activité liée au football, mais pas de prise de parole, ce qui lui permet de faire campagne sans en avoir l'air.
"A la tête de la Fifa, je continuerai à avancer sur des dossiers clés comme la régulation des transferts ou la problématique du TPO (NDLR: joueurs propriété de fonds d'investissements) par exemple, j'instaurerai plus de démocratie participative dans la gouvernance. Je veux rompre avec toutes les pratiques passées": Platini fait donc passer ses messages, sur l'air de ‘moi, président de la Fifa...’
Passe décisive de Cheikh Ahmad
Le cheikh Ahmad, Koweïti membre du comité exécutif de la Fifa, considéré comme un faiseur de rois au sein de l'instance, lui a en tout cas ouvert le jeu dans un entretien jeudi au site internet insidethegames, dédié à l'actualité olympique. "Je pense, oui, je crois que beaucoup de candidats se retireraient", répond Cheikh Ahmad quand on lui demande s'il croit que le patron du foot asiatique, le cheikh Salman, se retirera de l'élection si Platini peut mener sa campagne à bien. Et Cheikh Ahmad, patron de l'Association des comités olympiques nationaux (ANOC), d'ajouter: "Je sais pertinemment qu'il est innocent. Si Michel Platini peut mener sa campagne, nous le soutiendrons". Une bonne nouvelle donc pour l'ex-meneur des Bleus, qui avait encaissé un coup dur lundi quand Gianni Infantino, le secrétaire général de l'UEFA, son N.2 donc, s'était lancé dans la course à la présidence de la Fifa, sans un mot pour son patron.
Le Français de 60 ans faisait bonne figure jeudi, en lançant dans cet entretien: "Je m'en réjouis. L'UEFA se doit de présenter des solutions alternatives avec un plan B". Et de promettre: "Le jour où je serai blanchi, tout rentrera dans l'ordre. Le comité exécutif (NDLR: le gouvernement du foot européen, qui a soutenu Infantino), Gianni et moi, nous nous réunirons pour réévaluer la situation. Et l'on choisira la meilleure solution pour le football". Sous-entendu, lui, le seul ancien footballeur-star encore en lice pour le poste à la Fifa.
Le Cheikh Ahmad, considéré comme un faiseur de rois au sein de la Fifa, estime que le cheikh Salman, président de la Confédération asiatique (AFC), se retirera au profit de Michel Platini, s'il est blanchi, dans la course à la présidence de la Fifa, dans un entretien jeudi au site insidethegames.
"Je pense, oui, je crois que beaucoup de candidats se retireraient", répond le cheikh Ahmad, Koweïti membre du comité exécutif de la Fifa, quand le site lui demande s'il croit que le patron de l'AFC se retirera de l'élection à la présidence Fifa si Michel Platini, actuellement suspendu par la Fifa, peut mener sa campagne à bien. Il va plus loin concernant l'ex-meneur des Bleus: "Je soutenais Michel (Platini), je le soutiens toujours. Je sais pertinemment qu'il est innocent mais je ne sais pas comment vont se passer les procédures (appels notamment, ndlr) ensuite".
"Michel Platini a payé des impôts (sur le fameux paiement controversé de 1,8 million d’euros reçu en 2011 de Joseph Blatter pour un travail de conseiller achevé en 2002) et il ne cache rien, mais le mécanisme de ce paiement pose problème", expose encore l'ancien président de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole).
"Si Michel Platini peut mener sa campagne, nous le soutiendrons", conclut le cheikh Ahmad. Le dossier de candidature de Platini à la présidence de la Fifa fait bien partie des sept enregistrés mercredi, mais le sien est gelé le temps de sa suspension par la commission d'éthique de la Fifa qui s'achèvera le 5 janvier. L'élection à la présidence de la Fifa pour la succession de Blatter est prévue le 26 février à Zurich.
Défense soignée
Les ennuis de Platini viennent de la somme de 1,8 M EUR reçue en 2011 de la part de Blatter pour un travail de conseiller achevé en 2002. Une somme dont Domenico Scala, président de la commission électorale de la Fifa, ainsi que de la commission d'audit et de conformité, avait affirmé dans le Financial Times qu'elle n'était "jamais apparue dans les comptes de la Fifa avant le paiement effectif", ce qui "pourrait être considéré comme une falsification des comptes de la Fifa".
Mais Platini place sa défense jeudi: "C'est le directeur financier (de la Fifa) Markus Kattner qui a procédé au virement, sur la base d'une facture en bonne due et forme". "De mon côté, je n'étais ni membre de la commission des finances, ni du comité d'audit", rappelle-t-il, en s'étonnant que "finalement, l'organisation qui a validé et procédé au paiement, (le) suspende quatre ans plus tard".
Kattner est actuellement secrétaire général par intérim de la Fifa depuis que Jérôme Valcke a été relevé de ses fonctions, puis suspendu dans une affaire de revente présumée de billets au marché noir.
Avec AFP