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Le président catalan refuse de s'expliquer devant le Sénat à Madrid


Le président de la Catalogne Carles Puigdemont, au centre, lors d'une manifestation à Barcelone, en Espagne, le 21 octobre 2017.
Le président de la Catalogne Carles Puigdemont, au centre, lors d'une manifestation à Barcelone, en Espagne, le 21 octobre 2017.

Le fossé s'est encore creusé mercredi entre Madrid et Barcelone, le président séparatiste catalan refusant de s'exprimer devant le Sénat à la veille d'un vote historique de cette assemblée visant à suspendre l'autonomie de la région espagnole.

"Le président Puigdemont ne se rendra pas jeudi au Sénat", a indiqué un porte-parole de la présidence régionale, précisant qu'il s'agissait là d'une réponse à l'annonce par le gouvernement espagnol que sa décision de prendre le contrôle de la Catalogne était sans retour.

Carles Puigdemont était invité à venir présenter ses arguments contre ces mesures.

Mardi, il avait annoncé qu'il souhaitait s'exprimer, donnant à certains l'espoir d'un rapprochement.

Mais le chef du gouvernement Mariano Rajoy a assuré mercredi devant le Congrès des députés que la suspension de l'autonomie de la Catalogne était désormais "la seule réponse possible".

"Vous me dites que les institutions catalanes ont demandé le dialogue et que ma réponse a été l'article 155" de la Constitution, qui permet cette mise sous tutelle "et c'est vrai", a répondu M. Rajoy à un élu indépendantiste catalan, en insistant: "C'est la seule réponse possible, la seule".

L'article entraînerait une suspension de facto de l'autonomie, restaurée après la fin de la dictature de Francisco Franco (1939-1975) et à laquelle les Catalans tiennent beaucoup.

Madrid destituerait l'exécutif catalan et prendrait les commandes de la région, en particulier de sa police. Le Parlement et les médias publics régionaux seraient mis sous tutelle pour six mois jusqu'à l'organisation d'élections.

'Doutes au sein de l'exécutif'

Mais ces mesures risquent de se heurter à des résistances, dans une société catalane divisée à parts presque égales sur l'indépendance, et d'entraîner des retombées négatives pour l'économie de cette région représentant 19% du PIB espagnol.

Déjà 1.500 entreprises catalanes ont décidé de délocaliser leur siège social.

Craignant ce scénario, plusieurs membres du gouvernement catalan se sont exprimés mardi contre une déclaration unilatérale d'indépendance et pour des élections régionales anticipées, selon une source du gouvernement catalan.

Ces élections permettraient à tous les Catalans de s'exprimer et renouvelleraient un Parlement dominé par les indépendantistes.

En outre, pendant une semaine, le gouvernement espagnol conservateur et le Parti socialiste avaient laissé entendre que la convocation d'élections par M. Puigdemont serait interprétée comme un retour à l'ordre constitutionnel, évitant la mise sous tutelle de la région.

Mercredi une élue socialiste, Meritxell Batet, s'est même exprimée en catalan devant le Congrès à Madrid, pour appeler directement M. Puigdemont à éviter le pire en organisant ces élections.

'La République, maintenant'

Mais Mariano Rajoy, qui dispose d'une confortable majorité absolue au Sénat, est décidé à aller de l'avant.

Il peut en outre compter sur le soutien des libéraux de Ciudadanos, qui ont demandé avec insistance au gouvernement que les prochaines élections en Catalogne soient surveillées par l'Etat dans le cadre d'une mise sous tutelle, pour ne pas laisser aux indépendantistes la main sur l'organisation du scrutin.

"Que des élections soient organisées par une personne (Carles Puigdemont) qui n'est plus dans la légalité n'a pas de sens", a déclaré une source gouvernementale à l'AFP.

Pendant ce temps, en Catalogne, des "Comités de défense du référendum" (CDR), des plateformes citoyennes qui avaient mobilisé des milliers de Catalans pour "protéger" les bureaux de vote du référendum sur l'indépendance interdit, le 1er octobre, ont commencé à battre le rappel.

Les CDR, comme l'exécutif catalan et les grandes associations séparatistes, estiment que l'indépendance est légitimée par ce scrutin auquel ont participé 43% des électeurs, qui ont voté "oui" à 90%, selon des résultats invérifiables.

"Ni 155, ni élections. La République maintenant": c'est le slogan d'une manifestation prévue mercredi à 19h30 (17h30 GMT) entre le centre de Barcelone et le Parlement régional.

Le parlement catalan siègera à partir de jeudi à 16h00 (14h00 GMT), une heure avant la réunion à Madrid de la commission sénatoriale où M. Puigdemont avait été invité à s'exprimer.

M. Puigdemont avait prévenu le 19 octobre que si le gouvernement espagnol "continuait à empêcher le dialogue et à poursuivre la répression, le parlement de Catalogne pourra procéder, s'il l'estime opportun à voter une déclaration formelle d'indépendance".

Avec AFP

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