La Commission nationale électorale indépendante (CNEI) a convié les journalistes à une conférence de presse sur "les première grandes tendances" du vote mardi à 18H00 (17H00 GMT). L'équipe de campagne du président sortant, Denis Sassou Nguesso, comptait tenir un point de presse à l'issue de celui de la CNEI.
M. Sassou Nguesso, qui a passé plus de 32 ans à la tête du pays, a brigué dimanche un nouveau mandat face à huit autres candidats, quelques mois après un changement de constitution lui ayant permis de se représenter et que ses détracteurs ont qualifié de "coup d'Etat constitutionnel".
Jugeant à l'avance le scrutin biaisé, cinq candidats d'opposition ont appelé le peuple à "exercer sa souveraineté" dans le cas où le président sortant l'emporterait dès le premier tour, comme celui-ci l'a promis à ses partisans.
Ils ont créé une "commission technique" parallèle (CTE) pour surveiller le déroulement du vote et compiler les informations à la sortie des bureaux afin de les comparer aux résultats que doit fournir la CNEI à l'Etat.
Accusant les dirigeants de l'opposition de visées "insurrectionnelles", le pouvoir a qualifié d'"illégale" cette initiative.
Invoquant des raisons de sûreté nationale, le gouvernement a annoncé samedi la coupure des télécommunications dans le pays pour 48 heures, samedi et dimanche, pour empêcher l'opposition de publier "ses" résultats.
Mardi à la mi-journée, l'internet mobile, les services de sms et de téléphonie cellulaire étaient toujours indisponibles, selon les journalistes de l'AFP présents à Brazzaville.
Selon une source proche du pouvoir, ils ne seront pas rétablis avant la proclamation officielle des résultats.
- 'Burundisation' du Congo -
L'Union européenne a encouragé "tous les acteurs politiques à recourir aux voies légales pour résoudre leurs différends" et appelé les autorités à rétablir les moyens de communication. Auparavant, elle avait renoncé à envoyer des observateurs électoraux, estimant que les conditions d'un scrutin "démocratique" et "transparent" n'étaient pas réunies.
Vendredi, déjà, l'ONU avait appelé au calme, exhortant "les partis politiques, les candidats et leurs partisans à résoudre les différends qui pourraient survenir par le dialogue et les procédures légales établies".
Affirmant avoir noté "de nombreux rapports d'irrégularités qui constituent une source d'inquiétude quant à la crédibilité du processus" électoral, le département d'Etat américain a demandé "à tous les dirigeants politiques (congolais de) renoncer à la violence et appeler leurs partisans au calme", et plaidé lui aussi pour le rétablissement des communications.
Pour M. Moungalla, au contraire, "malgré toutes les craintes ou toutes les spéculations (...) le peuple congolais s'est rendu massivement aux urnes de manière très calme et sereine". "Cette élection va marquer d'abord l'élection d'un président à la légitimité incontestable", a-t-il ajouté, disant souhaiter "que l'ensemble des acteurs politiques (ne gâchent) pas la belle fête démocratique du 20 mars".
Du côté de l'opposition, des divergences notables semblent apparaître. Dans l'équipe de campagne du candidat Guy-Brice Parfait Kolélas, on fait part d'"inquiétudes" face au discours de certains qui disent être prêts à en découdre avec le pouvoir dans la rue.
M. Kolélas a promis de contester les résultats, si besoin était, par des voies légales.
"La crainte, c'est que le pays implose. Nous ne voulons pas d'une burundisation du Congo", explique un de ses proches, alors que, devant la presse étrangère, Charles Zacharie Bowao, coordonnateur de la plate-forme soutenant les cinq candidats d'opposition affirme : "Nous défendrons les résultats des urnes, y compris au risque de notre vie. Nous ne laisserons pas la victoire du peuple être confisquée".
Dans les rues de Brazzaville, comme la veille, l'affluence était moindre qu'à l'habitude mardi. Plusieurs habitants font part des craintes d'une partie de la population toujours hantée par le spectre des guerres civiles de la décennie 1990 et du début des années 2000, ou marquée par le souvenir plus récent des troubles meurtriers ayant accompagné la campagne référendaire d'octobre.
Avec AFP