Le général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat à la présidentielle du 20 mars au Congo, a estimé lundi soir que celle-ci déboucherait sur un second tour, alors que le chef de l'État sortant, Denis Sassou Nguesso, a promis à ses partisans de gagner au premier tour.
"Nous pensons qu'il y aura un deuxième tour. Vu l'électorat, il n'est pas possible qu'un candidat l'emporte dès le premier tour", a déclaré cet ancien chef d'état-major des armées lors d'une conférence de presse à Brazzaville.
Âgé de 69 ans, le général Mokoko a démissionné début février de ses fonctions de conseiller de M. Sassou Nguesso pour les questions de sécurité, pour se présenter à la présidentielle contre lui.
"Avec quatre autres candidats de l'opposition (Pascal Tsaty Mabiala, Claudine Munari, André Okombi Salissa et Guy-Brice Parfait Kolélas), nous avons signé une charte pour gagner ensemble", a déclaré le général, chacun s'étant engagé à soutenir celui "qui accédera au deuxième tour" afin de faire barrage à M. Sassou Nguesso.
Jugeant que la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) récemment mise en place avait "tout sauf le qualificatif d'indépendant", l'officier a jugé légitime de "douter de la sincérité du processus" électoral.
D'avance, "il y a un lourd soupçon sur les résultats" a-t-il déclaré. "J'accepterai les résultats des urnes à condition que le peuple lui-même les accepte", a-t-il néanmoins ajouté, "nous demandons au peuple d'être vigilant : qu'il vote et veille jusqu'au dépouillement".
Jean-Marie Michel Mokoko a par ailleurs dénoncé lundi soir, dans un échange avec les journalistes, les interférences de la police dans le déroulement de sa campagne électorale. Il fait en effet l'objet des poursuites de la part des services de la police, alors qu'il doit aller dans les départements pour battre campagne. Il a demandé que ces poursuites soient suspendues jusqu'à la fin du processus électoral.
Au micro de Ngouela Ngoussou, correspondant de VOA Afrique, le général Jean-Marie Michel Mokoko
En lançant sa campagne samedi à Pointe-Noire, bastion d'opposition dans le sud du pays, M. Sassou Nguesso, né en 1943, a promis à ses partisans qu'il gagnerait dès le premier tour.
"Le 20 mars, ça sera un penalty tiré et marqué et puis c'est la victoire", a-t-il affirmé.
Neuf candidats sont en lice pour le scrutin. M. Sassou Nguesso, qui cumule près de 32 ans à la tête du pays, brigue un troisième mandat.
Sa candidature a été rendue possible par un changement de constitution ayant fait sauter les verrous qui lui interdisaient de se représenter.
La nouvelle loi fondamentale a été adoptée à l'issue d'un référendum qualifié de "coup d'État constitutionnel" par l'opposition. Celle-ci avait appelé à boycotter cette consultation et en a rejeté les résultats, mais plusieurs de ses dirigeants sont aujourd'hui prêts à jouer le jeu des nouvelles institutions en se présentant à la présidentielle.
Avec AFP