"Souviens-toi de ne pas tricher à nouveau, la NEC!", réplique immédiatement un internaute sur la page de la commission électorale.
A l'approche de l'échéance du 7 novembre, la campagne pour le second tour s'est tendue ces derniers jours dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, où ce scrutin est considéré comme un test crucial pour asseoir la démocratie, près de 15 ans après la fin d'une terrible guerre civile ayant fait quelque 250.000 morts.
En cause: les couacs, voire les irrégularités, enregistrés au premier tour, le 10 octobre, qui a vu George Weah, sénateur et unique Ballon d'Or africain à ce jour, virer en tête avec 38,4% des voix, contre 28,8% pour le vice-président Joseph Boakai.
Mais aussi les manoeuvres des finalistes pour rallier les soutiens qui permettront à l'un des deux de franchir la barre des 50% et succéder à la prix Nobel de la Paix Ellen Johnson Sirleaf, qui dirige le pays depuis 12 ans.
Le sénateur Prince Johnson, chef de milice pendant la guerre civile (1989-2003), qui avait engrangé 8,2% des voix au premier tour, a décidé jeudi de se ranger derrière la bannière de l'ancien attaquant du PSG et du Milan AC.
- Renfort de poids -
"Aucun parti ne pourra résoudre seul les problèmes du Liberia (...) C'est pourquoi nous devons tous unir nos forces", a déclaré M. Johnson, en se prononçant clairement en faveur de "Mister George", le surnom de l'ex-footballeur, qui obtient de la sorte un renfort qui pourrait être déterminant.
A moins que la justice ne s'en mêle.
Car les candidats de trois formations battues au premier tour, le Parti de la liberté, le Congrès pour une alternative nationale et le Parti de tous les Libériens, ont fait cas d'irrégularités et de fraudes le 10 octobre
Le Parti de la liberté de Charles Brumskine, crédité de 9,6% des suffrages, a déposé une plainte à la Commission électorale. Il estime que des électeurs dûment inscrits n'ont pas pu voter et explique avoir notamment constaté dix incidents liés à des fraudes.
M. Brumskine a demandé une annulation du premier tour et un nouveau scrutin, "pour s'assurer qu'une élection libre et transparente soit organisée, conformément à la Constitution".
Son parti est prêt à aller jusqu'à la Cour suprême si sa plainte n'est pas examinée avant le second tour, a précisé à l'AFP une source proche du candidat.
Le challenger de George Weah, Joseph Boakai, n'a pas déposé de plainte formelle, mais il a demandé à la NEC "d'examiner rapidement" les plaintes des autres partis et réclamé qu'elle publie à nouveau les listes électorales, après des problèmes pour identifier des électeurs en possession de cartes d'électeurs valides au premier tour, selon son porte-parole.
Le président de la NEC, Jerome Korkoya, a indiqué mercredi que sa commission avait reçu 56 plaintes et expliqué que celles-ci étaient examinées "d'une manière transparente et ouverte".
- Déçus par ces histoires -
Selon des observateurs, ces recours, justifiés ou non, pourraient toutefois miner la confiance des électeurs et pousser à la baisse le taux de participation, alors que le Liberia est censé connaître sa première transition entre deux présidents élus démocratiquement.
"Les électeurs sont vraiment déçus par ces histoires. La question qui se pose est de savoir s'ils iront voter au second tour", a déclaré à l'AFP le directeur du journal d'investigation Front Page Africa, Rodney Sieh.
Dans un communiqué, George Weah a salué jeudi les "efforts faits par la NEC pour organiser le premier tour", tout en "décriant les nombreuses erreurs et irrégularités ayant entaché le processus".
Le candidat, qui avait contesté ses défaites aux élections de 2005 et 2011, s'est cette fois contenté d'enjoindre la commission à "effectuer son travail avec responsabilité, sans crainte et sans faveur".
George Weah s'est également défendu une nouvelle fois de toute collusion avec l'ancien président et chef de guerre Charles Taylor, condamné à 50 ans de prison pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en Sierra Leone voisine et dont l'ex-épouse, Jewel Howard-Taylor, est sa colistière dans ce scrutin.
Avec AFP