En tête dans les sondages au premier tour avec plus d'un quart des intentions de vote, Mme Le Pen creuse l'écart avec ses principaux concurrents, le conservateur François Fillon, éclaboussé par un scandale, et Emmanuel Macron, ancien ministre du gouvernement socialiste, qui se revendique "ni de droite, ni de gauche".
M. Bayrou a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse que la France encourait "le pire des risques de flambée de l'extrême droite, qui fait planer la menace d'un danger majeur et immédiat pour notre pays et pour l'Europe", avant de faire son "offre d'alliance".
M. Macron a accepté très vite la proposition de ce centriste pro-européen - jusqu'à présent crédité d'environ 5% des voix-, en saluant "un geste courageux, inédit et un tournant de la campagne présidentielle".
- 'Gravité de la situation' -
Depuis plusieurs mois, M. Bayrou laissait entendre qu'il pourrait être pour la quatrième fois candidat à l'élection présidentielle. Ces dernières semaines, il avait adouci son discours sur Emmanuel Macron, qu'il dépeignait en septembre comme "le candidat des forces de l'argent".
"Je partage pleinement son jugement quant à la gravité de la situation actuelle de notre pays et des temps que traversent les Français", a dit M. Macron à l'AFP.
A deux mois du premier tour de la présidentielle, l'incertitude n'a jamais été aussi forte sur l'issue de la campagne, marquée par les divisions de la gauche et par l'affaire de soupçons d'emplois fictifs qui a éclaboussé le champion de la droite.
Grand favori aussitôt après sa victoire à la primaire de la droite, M. Fillon a fortement dévissé dans l'opinion après l'ouverture d'une enquête sur les salaires d'assistants parlementaires touchés par son épouse Penelope et deux de ses enfants.
A l'inverse, les déboires judiciaires de Mme Le Pen ne semblent pas pour l'instant entamer sa popularité.
- 'Cabale' -
Sous le feu des projecteurs judiciaires depuis le début de la semaine, la présidente du Front national (FN) a dénoncé mercredi une "cabale politique" quand son garde du corps et sa chef de cabinet ont été placés en garde à vue pour une affaire d'emplois fictifs.
Les enquêteurs se demandent si le FN a mis en place un système pour faire rémunérer une vingtaine de ses employés par le Parlement européen, via des contrats d'assistants parlementaires à Bruxelles. La chef de cabinet de Mme Le Pen a été inculpée mercredi soir. Lundi, le siège de son parti avait été perquisitionné.
L'institution européenne, qui réclame à Mme Le Pen près de 340.000 euros de remboursement, a décidé de recouvrer ces sommes en amputant de moitié son indemnité parlementaire européenne à partir de mi-février.
Contestant de nouveau les faits qui lui sont reprochés, elle a appelé la justice à ne "pas venir perturber la campagne présidentielle", lors d'une interview mercredi soir sur la chaîne TF1.
Galvanisée par le Brexit et l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, Mme Le Pen fait depuis janvier la course en tête en dépit de cette affaire et d'un prochain procès sur les campagnes électorales 2012 du FN.
Pour l'heure, les sondages la donnent perdante au second tour en mai. Et ce malgré d'intenses efforts pour adoucir son image et celle du parti fondé par son père, Jean-Marie Le Pen, connu pour ses diatribes antisémites et xénophobes.
Le président François Hollande, qui a choisi de ne pas être candidat à un second mandat, a déclaré mercredi que la France "ne laissera pas passer l'obscurantisme" et "ne succombera jamais à l'extrémisme".
M. Hollande s'exprimait lors du dîner annuel du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Il répondait au président du Crif, Francis Kalifat, qui venait d'appeler à "faire barrage à l'extrême droite et à l'extrême gauche aux prochaines élections".
Lors du duel final, François Fillon l'emporterait avec 56% des voix contre 44% à Marine Le Pen, selon un sondage Elabe publié mardi. Bien loin du score de 64% - 36% pronostiqué par l'institut Ifop début janvier, avant que n'éclate le scandale dit du "Penelopegate".
Mme Le Pen perdrait également à 41% contre 59% face à M. Macron. En janvier, le rapport de force était de 35%-65%.
Avec AFP