"Les candidats pourront publier du contenu sur les réseaux sociaux sans le soumettre à la commission électorale, et s'ils commettent des fautes ils feront face à la législation", a déclaré à l'AFP Kalisa Mbanda, président de la commission électorale nationale (NEC), sans préciser les raisons de cette annulation.
La NEC avait récemment publié une directive qui aurait dû prendre effet à partir du 14 juillet - date du début de la campagne pour le scrutin du 4 août - obligeant tous les candidats à lui soumettre au moins 48 heures avant leur utilisation tous les "messages, photographies ou autre matériel de campagne" qu'ils souhaitent publier sur les réseaux sociaux.
Le président de la commission électorale avait justifié la mesure comme visant à "éviter des expressions, des paroles, des actes qui peuvent amener la population à des actes d'insécurité, au réveil du divisionnisme dans la population" dans un pays traumatisé par le génocide de 1994 qui a fait quelque 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.
L'opposition rwandaise avait dit craindre que la mesure soit utilisée pour empêcher toute critique du régime du président Paul Kagame, au pouvoir depuis 1994. La décision avait également été mise en cause au sein du gouvernement et par des ambassadeurs occidentaux à Kigali.
Mercredi soir, l'autorité de régulation des médias du Rwanda (RURA) avait estimé dans un communiqué que "la Commission électorale nationale n'a pas le mandat de réglementer ou d'interrompre l'utilisation des médias sociaux par les citoyens".
Le régulateur, non consulté par la NEC sur le sujet, "souhaite réaffirmer le droit des citoyens de s'exprimer sur les réseaux sociaux et d'autres plates-formes TIC", poursuivait le communiqué.
Mardi, des diplomates occidentaux en poste au Rwanda avaient eux aussi émis des objections à la décision de la NEC. "Nous sommes tous préoccupés par ce récent développement" représentant une "très très sérieuse limitation de la liberté d'expression", avait estimé Erica Barks-Ruggles, ambassadrice des Etats-Unis.
Mercredi, la ministre rwandaise des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement Louise Mushikiwabo avait de son côté écrit sur Twitter que "les Rwandais devraient pouvoir s'exprimer librement sur les réseaux sociaux en période d'élection. Nos lois ciblent les abus, pas des opinions !".
Quatre candidats d'opposition ont déclaré leur intention d'affronter le président Kagame en août mais ils doivent encore recevoir l'aval de la commission électorale.
Le régime rwandais est généralement salué pour ses résultats économiques et sa stabilité mais critiqué pour ses atteintes à la liberté d'expression et son manque d'ouverture politique. Si la Constitution consacre le multipartisme, il n'existe pratiquement pas d'opposition dans le pays, le Front patriotique rwandais (FPR) de M. Kagame contrôlant d'une main de fer les sphères politique, sociale et économique.
Avec AFP