Grace Mugabe, qui figure parmi les favoris pour succéder à son mari âgé de 93 ans, est sous le coup d'une plainte pour coups et blessures contre une mannequin.
Gabriella Engels, 20 ans, affirme avoir été agressée violemment, avec un câble et une prise, par la première dame dans un hôtel d'un quartier huppé de Johannesburg le 13 août. Selon les médias sud-africains, deux fils de Grace Mugabe se trouvaient dans le même établissement.
A la suite de cet incident, les autorités zimbabwéennes ont demandé mercredi à Pretoria l'immunité diplomatique pour Grace Mugabe, un privilège qui lui a finalement été accordé.
La chef de la diplomatie sud-africaine Maite Nkoana-Mashabane "a décidé que l'immunité diplomatique était justifiée dans ce cas particulier", a annoncé son ministère dans un communiqué dimanche.
La décision a été prise samedi et, quelques heures plus tard, Grace Mugabe quittait l'Afrique du Sud pour le Zimbabwe. "Le président Robert Mugabe, qui était accompagné de la première dame, (...) est arrivé à bord d'un vol Air Zimbabwe dimanche très tôt" à Harare, a annoncé la radio zimbabwéenne nationale.
L'affaire Grace Mugabe s'est dénouée en marge d'un sommet des chefs d'Etat de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), à Pretoria ce week-end, auquel participaient le président zimbabwéen et son homologue sud-africain Jacob Zuma.
L'organisation sud-africaine qui défend la top model Gabriella Engels, AfriForum, a dénoncé le départ "en secret" de Grace Mugabe et la "culture de l'impunité" de la part de "dirigeants corrompus qui se protègent mutuellement".
AfriForum entend désormais saisir la justice pour obtenir une annulation de la décision d'accorder l'immunité diplomatique à la première dame du Zimbabwe. "Dans le cas où notre requête serait acceptée, la balle sera dans le camp du parquet pour poursuivre Mme Mugabe", a expliqué AfriForum dans un communiqué.
Le principal parti de l'opposition sud-africaine, l'Alliance démocratique (DA), a lui dénoncé "la complicité du gouvernement qui a permis" à Grace Mugabe "de fuir le pays, en pleine nuit, pour éviter des poursuites".
"Voleuse"
Au Zimbabwe, la principale formation d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a demandé que tout soit fait pour que Grace Mugabe réponde de ses actes devant la justice.
"Il ne devrait pas y avoir d'impunité" pour la première dame, "une voleuse et une femme violente qui a agressé de façon abominable une jeune personne innocente", a déclaré à l'AFP le porte-parole du MDC, Obert Gutu.
"Elle est une honte et elle nous doit des excuses pour avoir sali l'image de notre pays", a-t-il ajouté.
Le gouvernement zimbabwéen n'a fait aucun commentaire sur les derniers déboires de Grace Mugabe, 52 ans, connue pour ses accès de colère. Mais pour la première fois dimanche, la presse d'Etat a mentionné l'incident, dénonçant "l'emballement des médias locaux et étrangers" qui "n'ont rien d'important à dire".
"Les propos du ministre sud-africain de la Police Fikile Mbalula (NDLR, qui avait notamment affirmé que la police était en "alerte rouge" pour éviter le départ de Grace Mugabe) ne sont que spéculation et désinformation", a affirmé le Sunday Mail dans un éditorial.
L'affaire Grace Mugabe a testé les relations entre l'Afrique du Sud et le Zimbabwe, qui entretiennent des liens diplomatiques et économiques étroits.
Concomitamment à ce mini scandale, un conflit a opposé les compagnies aériennes des deux pays, Air Zimbabwe et South African Airways (SAA), au sujet d'un permis de vol.
Un avion d'Air Zimbabwe s'est vu refuser l'autorisation de décoller de Johannesburg vendredi soir faute d'avoir produit le document, et tous les vols de SAA entre l'Afrique du Sud et le Zimbabwe ont été annulés samedi.
Dans la soirée de samedi, le conflit a toutefois été réglé, selon le ministère sud-africain des Transports. Quelques heures plus tard, Robert Mugabe rentrait avec son épouse à Harare, à bord d'un vol Air Zimbabwe. Et SAA a repris dimanche ses liaisons entre les deux pays.
Avec AFP