Les primaires démocrate et républicaine s'y tiendront le 19 avril. Habituellement, elles interviennent trop tard pour susciter l'intérêt, mais pas cette année: avec en jeu 291 délégués côté démocrate et 95 chez les républicains, elles sont le scrutin le plus important avant la Californie en juin, dans un processus des primaires qui n'a toujours pas permis de déterminer qui sera le candidat de chaque parti à l'élection présidentielle de novembre.
Côté démocrate, Hillary Clinton, ancienne sénatrice de l'Etat (2001-2009), où elle a une maison au nord de New York, est la favorite des sondages face à Bernie Sanders, né à Brooklyn où il a grandi dans un petit appartement HLM, fils d'un immigrant polonais sans le sou.
Côté républicain, le milliardaire de l'immobilier Donald Trump, né dans le Queens et qui a construit une bonne partie de sa fortune à Manhattan où son nom orne le fronton de plusieurs tours et hôtels, devrait écraser ses rivaux.
Hillary Clinton veut une victoire éclatante dans son Etat d'adoption.
Mais l'équation n'est pas si simple: un sondage jeudi montrait que l'écart s'y est réduit avec Bernie Sanders, le sénateur du Vermont apôtre d'une révolution politique, qui a gagné six des sept derniers Etats ayant voté pour les primaires, et est légèrement en tête dans les sondages sur le Wisconsin (nord) qui vote le 5 avril.
Mme Clinton est à 54% des intentions de vote dans l'Etat de New York, contre 42% à Sanders, selon Quinnipiac. Au début du mois, deux sondages lui donnaient 48 et 21 points d'avance.
Et dans la capitale de la finance et des inégalités, deux thèmes chers à Bernie Sanders, 21% des démocrates disent qu'ils peuvent encore changer d'avis.
- Bernie dans le Bronx -
Bernie Sanders, 74 ans, a rassemblé jeudi soir dans le sud du Bronx, l'un des quartiers les plus pauvres des Etats-Unis, quelque 15.000 supporters enthousiastes, auxquels il a raconté ses racines new-yorkaises, son père, son enfance dans un appartement de trois pièces, et prêché sa révolution.
"Si nous gagnons à New York, nous irons jusqu'à la Maison Blanche", a-t-il affirmé.
Dans la foule, des Noirs, des Hispaniques, des Blancs. Et beaucoup de jeunes, qui chantaient encore "Bernie, Bernie", sur les quais du métro.
"J'ai finalement trouvé un candidat qui représente tout ce en quoi j'ai toujours cru", expliquait Valeria Calderon, 31 ans, Américaine d'origine péruvienne et argentine, se disant persuadée que Bernie Sanders pouvait toucher la communauté hispanique. "Il est aussi fils d'immigrés", soulignait-elle.
Manteau de cuir et collier de perles, Hillary Clinton avait lancé sa campagne new-yorkaise la veille à l'Apollo Theater, temple historique de la musique noire à Harlem: histoire d'asseoir un peu plus son avantage chez les minorités, en dénigrant un Bernie Sanders aux promesses selon elle irréalistes, et un Donald Trump qu'elle accuse de diviser le pays.
Elle a mis en avant son passé de sénatrice de New York, remercié un Etat qui lui avait "donné sa chance". Dans la salle pleine à craquer, des supporters de tous âges.
"Elle a beaucoup d'idées positives, et elle sera une présidente formidable", estimait Kumci Duberry, 26 ans, étudiant infirmier.
En campagne ensuite à Purchase, au nord de New York, Mme Clinton a continué à attaquer Bernie Sanders. "J'en ai tellement marre que la campagne de Sanders mente à mon sujet", a-t-elle déclaré à un militant de Greenpeace qui l'interrogeait sur des dons reçus de l'industrie pétrolière.
Bill Clinton a aussi séparément fait campagne pour sa femme à New York, pour mettre toutes les chances de son côté.
Et Hillary, les yeux déjà rivés sur l'élection de novembre, a lancé son premier spot de campagne à destination des New-Yorkais, attaquant sans le nommer Donald Trump.
La primaire républicaine de New York semble pour lui une promenade de santé. En dépit des polémiques entourant sa campagne, Donald Trump est à 56% des intentions de vote, selon Quinnipiac, contre respectivement 20 et 19% pour le sénateur du Texas Ted Cruz, et John Kasich, gouverneur de l'Ohio.
Avec AFP