Les deux anciens gérants ont été jugés jeudi "intégralement coupables" des nombreux délits pour lesquels ils étaient poursuivis: travail dissimulé, emploi de personnes en situation irrégulière, rétribution inexistante, pas de toilettes pour les salariés, absence d'aération et d'extincteur dans le sous-sol où s'effectuaient les teintures...
Le premier, Mohamed Bamba, Ivoirien, gérant de fait du salon, est en fuite. Il a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis et 31.800 euros d'amende.
Le second, Walid Daollat, un Jordanien gérant de droit du commerce et déjà condamné pour des faits similaires dans un autre salon, a été condamné à dix mois d'emprisonnement et 10.600 euros d'amendes.
Le tribunal a également condamné solidairement les deux hommes à verser 1.000 euros à chaque victime.
La révolte des salariés de ce salon avait fait grand bruit.
Le 22 mai 2014 débutait une grève dans ce salon de coiffure afro où s'alignent les vitrines vantant mèches, perruques et extensions, où des rabatteurs attirent le chaland avec des prix défiant toute concurrence.
A l'époque, les 18 employés du "New York Fashion", de nationalité chinoise, guinéenne, burkinabè, malienne, nigériane ou ivoirienne, travaillent de 12 à 16 heures par jour et sont presque tous en situation irrégulière.
Dès le 23 mai, alertée par le syndicat CGT, l'inspection du travail débarque au salon. Le gérant Walid Daollat déclare tardivement ses salariés et sort en juin plus de 25.000 euros en liquide pour commencer à rattraper les arriérés de salaire.
Il tente ensuite de liquider le salon, déclenchant l'action en justice des employés.
A l'audience en septembre, les employés ont décrit un système bien rôdé et hiérarchisé avec des salariés "payés par tête" coiffée: les coiffeuses africaines à 40/60 (40% pour le salarié, 60% pour le patron) et les manucures chinoises à 50/50.
"Avec une moyenne de six clients par jour, à environ 50 euros chacun, avec 15 salariés, on arrive à 130.000 euros par mois!", avait rapidement calculé la présidente.
Certains employés n'ont "jamais été payés" et n'ont "jamais eu de vacances". Certains grévistes ont été intimidés ou menacés de mort.
Avec AFP