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Prison requise contre huit membres du gouvernement catalan destitué


Le président de la Catalogne Carles Puigdemont, au centre, lors d'une manifestation pour l'indépendance de la Catalogne, le 21 octobre 2017.
Le président de la Catalogne Carles Puigdemont, au centre, lors d'une manifestation pour l'indépendance de la Catalogne, le 21 octobre 2017.

Le parquet espagnol a requis jeudi la prison pour huit des 14 membres du gouvernement catalan destitué qui font l'objet d'une enquête pour rébellion, alors que leur chef Carles Puigdemont dénonçait depuis Bruxelles un "procès politique".

Le ministère public a demandé la détention provisoire pour le vice-président Oriol Junqueras et sept autres des huit "ministres" qui se sont présentés devant une juge d'instruction à Madrid chargée de statuer sur ces réquisitions.

Il a demandé la liberté sous caution de 50.000 euros pour le huitième, Santi Vila, qui avait démissionné avant la proclamation unilatérale d'indépendance de la Catalogne le 27 octobre. Il est le seul à avoir répondu aux questions de la magistrate.

Carles Puigdemont, en Belgique depuis lundi, et quatre autres ministres destitués ont refusé de comparaître. M. Puigdemont demande à être entendu à Bruxelles.

Cinq membres du bureau du Parlement catalan, dont la présidente Carme Forcadell, ont eux obtenu un report de leur audition jusqu'au jeudi 9 novembre pour pouvoir préparer leur défense.

Le procureur général demande que tous soient inculpés pour détournement de fonds publics, sédition et rébellion, les deux derniers délits étant passibles de peines maximales de 15 et 30 ans de prison.

Il les accuse d'avoir encouragé "un mouvement d'insurrection active" au sein de la population catalane pour parvenir à la sécession, en ignorant toutes les décisions de justice, y compris l'interdiction d'organiser un référendum d'autodétermination le 1er octobre.

Concertation ou division

Les autorités catalanes affirment que lors de ce scrutin le "oui" à la sécession a remporté 90,18% des voix avec une participation de 43% malgré l'intervention parfois violente de la police pour empêcher sa tenue.

Elles se sont appuyées sur ces résultats invérifiables pour proclamer vendredi l'indépendance de la "République catalane". Quelques heures plus tard, le gouvernement espagnol prenait le contrôle de la région, destituant son gouvernement et dissolvant son Parlement pour convoquer de nouvelles élections le 21 décembre.

Depuis Bruxelles, Carles Puigdemont a dénoncé mercredi soir "un procès politique" pour expliquer son refus de répondre à la convocation du juge d'instruction.

Dans un communiqué, il a présenté comme une tactique concertée la division de son gouvernement.

Certains iront devant l'Audience nationale "dénoncer la volonté de la justice espagnole de poursuivre des idées politiques", les autres "resteront à Bruxelles pour dénoncer devant la communauté internationale ce procès politique", a-t-il écrit.

L'avocat de deux députés, Xavier Melero, a toutefois semblé instiller le doute sur la réalité de cette concertation, en regrettant publiquement l'absence de M. Puigdemont à sa sortie du tribunal.

"Quand vous ne paraissez pas devant la justice alors que vous êtes convoqué, cela nuit toujours au reste des mis en cause", a-t-il prévenu.

Un des membres du bureau du Parlement qui devait être entendu jeudi, Joan Josep Nuet, a carrément jugé "irresponsable" l'attitude de M. Puigdemont. "Je crois que personne ne comprend ce que fait le président, même pas ses partisans".

Impasse

Le prédécesseur de M. Puigdemont, Artur Mas, président de l'exécutif catalan de 2010 à 2016, a affirmé à la presse à Madrid que les poursuites judiciaires alimentaient le sentiment d'injustice en Catalogne.

"Si vous regardez les enquêtes d'opinion les plus récentes, vous constaterez que le sentiment et la volonté d'aller vers l'indépendance est en train de grandir dans notre pays, en Catalogne", a-t-il déclaré.

Face au refus de M. Puigdemont et de ses quatre ministres de comparaître, le parquet devrait demander leur arrestation, et le juge espagnol délivrer un mandat d'arrêt européen. Un juge belge devrait dans ce cas examiner la demande espagnole, dans un délai maximum de 60 jours.

A Barcelone, une manifestation convoquée par la puissante association indépendantiste ANC a rassemblé plusieurs centaines de personnes devant le siège du gouvernement. Brandissant des drapeaux indépendantistes, ils ont scandé "liberté" et "Puigdemont est notre président".

"Nous avons fait des manifestations pacifiques d'un million de personnes sans casser une seule vitre et le parquet dit qu'ils (les dirigeants indépendantistes) nous avaient appelé à l'insurrection", au "soulèvement violent", protestait Josep Morato, retraité de 68 ans et "indépendantiste de centre-droit".

Avec AFP

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