Le journaliste Domingos da Cruz, poursuivi pour rébellion et tentative de coup d'Etat comme les 16 autres accusés, a poursuivi vendredi à voix haute, la lecture entamée la veille, de son ouvrage "Outils pour détruire une dictature et éviter une nouvelle dictature".
"Ce procès est une blague. C'est ce que montre la lecture de la totalité du livre", a déclaré à l'AFP Monica Almeida, la femme du rappeur Luaty Beirao, l'un des accusés. Ce dernier, qui possède aussi la nationalité portugaise, avait fait une grève de la faim de 36 jours pour protester contre sa détention provisoire.
"L'avocat David Mendes a voulu protester contre cette lecture (...) car c'est beaucoup trop long, mais le juge n'a pas entendu sa protestation", a-t-elle ajouté.
"Nous pensons qu'il s'agit d'une stratégie pour fatiguer les accusés, pour qu'au moment où ils répondent aux questions, ils n'aient plus les idées claires", a-t-elle estimé.
Le verdict devait initialement être rendu vendredi, mais selon David Mendes, "le procès pourrait encore durer deux semaines".
Monica Almeida a aussi dénoncé les conditions de détention des accusés. "Ils sont réveillés entre 03h30 du matin et 04h00. Puis ils sont conduits au tribunal dans des fourgons cellulaires exigus avec peu d'air et une forte chaleur. L'un des prisonniers s'est évanoui lors d'un transport (...). Dans les cellules du tribunal, ils n'ont rien pour s'asseoir (...), ils sont exténués physiquement et émotionnellement", a-t-elle affirmé.
L'un des avocats de la défense, Walter Tondela, a par ailleurs déclaré jeudi que "l'un des gardiens de prison avait agressé" son client Mbanza Hamza, une affirmation démentie par l'administration pénitentiaire.
Vendredi matin, seuls trois des accusés étaient présents au tribunal, selon des sources concordantes. Aucune explication n'a été donnée à l'absence des 14 autres.
Les 17 accusés, parmi lesquels figurent notamment des journalistes, étudiants, ingénieurs et même militaires, font partie d'un mouvement d'opposition au président angolais Jose Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 1979.
Les médias n'ont pu assister au procès que lundi et vendredi, tandis que le corps diplomatique n'y a pas accès depuis le début. Seuls deux proches de chaque accusé sont autorisés dans la salle d'audience.
Le juge Domingos da Costa Mesquita a évoqué "l'espace restreint de la salle" et des raisons de "sécurité".
AFP