Ce procès devant les Chambres Africaines extraordinaires, mises en place en vertu d'un accord entre le Sénégal (où il vit en exil depuis décembre 1990) et l'Union africaine, a débuté le 20 juillet 2015. Il s’agit assurément d’une première en Afrique.
On pense ici aux griefs croissants contre la Cour pénale internationale (CPI), siégeant à La Haye, accusée de ne poursuivre que des dirigeants africains, en montrant que le continent peut les juger lui-même.
"Ce procès est un précédent extraordinaire qui montre que des tribunaux africains peuvent juger des crimes commis en Afrique", a déclaré à l'AFP Reed Brody, cheville ouvrière de cette procédure au sein de Human Rights Watch (HRW).
"Nous espérons que d'autres survivants, d'autres militants, s'inspireront de ce que les victimes de Habré sont parvenues à accomplir", a-t-il dit.
Retour sur quelques faits marquants de ce procès historique avec notre correspondante à Dakar Sokhna Natta Mbaye.
Au Tchad, des victimes présumées du régime Habré suivront le verdict en direct sur la télévision et la radio publiques.
"Mon soulagement, ce serait de voir Habré condamné à vie, même si je ne sais pas dans quelles circonstances mon époux a été tué" en 1988 dans les geôles de la DDS, confie Zenaba Moussa.
Pour Massa Moïse, détenu pendant trois ans par la DDS et qui dit ne toujours pas savoir pourquoi, "Habré doit être condamné à mort".
A quelques heures de ce rendez-vous avec l'histoire les victimes tchadiennes attendent avec beaucoup d'intérêt le verdict, dit le correspondant de VOA-Afrique à N’Djamena, André Kodmadjingar.
L'accusé encourt jusqu'aux travaux forcés à perpétuité. En cas de condamnation, dont il peut faire appel, il purgera sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l'UA.
S'il est reconnu coupable, une autre phase s'ouvrira durant laquelle seront examinées d'éventuelles demandes de réparations au civil.
Un collectif d'organisations de défense des droits de l'homme internationales et africaines a salué, dans un communiqué publié dimanche, "la tenue d'un procès exemplaire devant déboucher sur un verdict historique", mais appelle les juges à définir rapidement "des procédures permettant l'examen des demandes de réparations des victimes".
"Le fonds au profit des victimes prévu dans le Statut (des Chambres africaines extraordinaires, NDLR) n'est pas encore opérationnel", soulignent ces organisations.
Avec AFP