Le tribunal de Manouba, ville de la banlieue ouest de Tunis, a décidé sa libération provisoire, jeudi, a indiqué à l'AFP le président de son comité de défense, Abdessatar Messaoudi. Mais à peine relâché, M. Zammel a été emmené par la garde nationale (gendarmerie) à Jendouba, à 150 km de Tunis, pour "comparaître vendredi devant le parquet du tribunal (local) dans une affaire liée aux parrainages", selon l'avocat.
A moins d'une condamnation définitive, être en état d'arrestation n'empêche théoriquement pas M. Zammel d'être candidat. Lors du précédent scrutin de 2019, l'homme d'affaires Nabil Karoui était au second tour alors qu'il se trouvait en prison. Le président Saied, élu démocratiquement en 2019, est accusé de dérive autoritaire depuis un coup de force le 25 juillet 2021 par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs.
M. Zammel, 43 ans, un industriel et chef d'un petit parti libéral peu connu, avait été interpellé lundi pour des soupçons de "faux parrainages" et se trouvait en détention provisoire depuis mercredi. Il est l'un des trois candidats retenus dans une liste "définitive" dévoilée lundi par l'autorité électorale, Isie, aux côtés du président Kais Saïed et de Zouhair Maghzaoui, 59 ans, un ancien député de la gauche panarabiste.
L'autorité a écarté trois autres concurrents de M. Saied considérés comme sérieux, rejetant des jugements les réintégrant dans la course présidentielle du Tribunal administratif.
Jeudi, l'Union européenne a dénoncé des atteintes à la démocratie en Tunisie après l'arrestation de M. Zammel et l'exclusion des trois autres candidats, regrettant des décisions ayant pour conséquence de "limiter l'éventail de choix pour les citoyens tunisiens". "Les derniers développements témoignent d'une limitation continue de l'espace démocratique" en Tunisie, a déploré une porte-parole du service diplomatique de l'UE.
Mercredi, l'ONG Human Rights Watch a accusé l'Isie d'"être intervenue pour fausser le scrutin en faveur de Saied".
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