"Il ne doit y avoir aucune tolérance pour l'antisémitisme ou pour n'importe quelle forme de haine religieuse", a réagi le président Donald Trump, en dénonçant le climat de "haine" dans le pays et dans le monde.
Le tueur a fait irruption dans la synagogue lors d'une cérémonie organisée pour la naissance d'un enfant. Après une confrontation avec les forces de l'ordre, il a été appréhendé, placé en garde à vue et hospitalisé, ont indiqué des sources officielles.
"C'est probablement l'attaque la plus meurtrière contre la communauté juive de l'Histoire des Etats-Unis", a estimé Jonathan Greenblatt, le directeur de l'Anti-defamation League, principale association de lutte contre l'antisémitisme du pays.
Le directeur de la sécurité publique de Pittsburgh Wendell Hissrich a précisé qu'il y avait en outre six blessés, dont quatre parmi les forces de l'ordre. Aucun enfant n'a été tué.
"La scène est terrible à l'intérieur", a-t-il ajouté devant les caméras, visiblement très ému. "C'est l'une des pires scènes de crime sur laquelle je me sois rendu, et j'ai été sur des accidents d'avion", a-t-il confié.
Le tireur a été identifié par les autorités comme Robert Bowers, 46 ans, auteur de messages antisémites sur les réseaux sociaux.
- "Evitez le quartier" -
Robert Bowers s'est introduit vers 10H00 (14H00 GMT) dans la synagogue "Arbre de vie" (Tree of Life) où des fidèles étaient rassemblés pour le jour de repos juif du chabbat. Selon les médias locaux, il a alors crié: "Tous les Juifs doivent mourir".
"Le service était en cours quand on a entendu un bruit lourd dans l'entrée", a raconté un membre de la congrégation, Stephen Weiss, au journal Tribune review. "J'ai reconnu le bruit d'une arme à feu", a ajouté ce fidèle de 60 ans, qui s'est immédiatement enfui.
La police a alors déployé d'importantes forces dans le quartier et appelé la population à rester chez elle. "Il y a un tireur dans la zone de Wilkins et Shady. Evitez le quartier", ont tweeté les services de sécurité publique de la ville.
Peu après, la police a expliqué que l'auteur des tirs s'était rendu.
La synagogue Tree of Life avait été fondée il y a 150 ans à Pittsburgh et elle se situe dans le quartier de Squirrel Hill, où bat le cœur de la communauté juive de cette grande ville de l'Etat de Pennsylvanie.
- "le cœur lourd" -
Cette attaque intervient dans un climat très tendu aux Etats-Unis, tant dans le débat politique que dans la société.
Au cours de la semaine écoulée, le pays avait été tenu dans l'angoisse par l'envoi de colis contenant des engins explosifs à des personnalités démocrates, tandis que le président républicain est régulièrement accusé de souffler sur les braises en employant une rhétorique de division.
"Je suis juste triste. Je ne sais pas quoi vous dire (...) ça ne devrait pas arriver, point. Ça ne devrait pas arriver dans une synagogue", a déclaré sur CNN, Jeff Finkelstein, le président de la "Jewish Federation of Greater Pittsburgh".
Le président Trump, qui avait un temps envisagé d'annuler un meeting électoral prévu samedi en vue des élections législatives de mi-mandat du 6 novembre, a finalement décidé de le maintenir. "Nous allons y aller le cœur lourd, mais on y va", a-t-il déclaré à la presse.
Il avait auparavant estimé que "quelque chose devait être fait" pour empêcher ce type de crime, proposant de renforcer la législation sur la peine de mort contre les auteurs d'attaques sur des lieux de culte.
- "pervers et sectaire" -
Sa fille Ivanka Trump, convertie au judaïsme, a jugé que l'Amérique était "plus forte" que les actes d'un "antisémite pervers et sectaire".
Le Premier israélien Benjamin Netanyahu, lui, a déploré une attaque "antisémite horrible". Berlin, Ottawa, Paris et l'ONU ont aussi condamné cette attaque.
Elle survient alors que les Etats-Unis ont enregistré en 2017 une hausse des attaques à caractère antisémite avec quelque 1.986 incidents (harcèlement, vandalisme, agressions) sur l'année en hausse de 57% par rapport à 2016, selon l'Anti-defamation league. Mais les attaques très violentes contre les Juifs y sont très rares.
La police de New York a de son côté fait savoir qu'elle renforçait la sécurité autour des lieux de culte de la ville, avec notamment des patrouilles supplémentaires.
Avec AFP