La Première ministre Jacinda Ardern a décrit l'une des "journées les plus sombres" jamais vécues par cette nation du Pacifique Sud réputée paisible. Elle a immédiatement qualifié les attaques, les pires contre des musulmans dans un pays occidental, de terroristes.
L'attentat a suscité une vague de condamnations dans le monde, du pape à la reine Elizabeth II, de Donald Trump au président turc Recep Tayyip Erdogan.
L'assaillant a diffusé en direct sur internet les images de ses attaques, où on le voit passer de victime en victime, tirant sur les blessés à bout portant alors qu'ils tentent de lui échapper.
Un Australien de 28 ans a été arrêté et inculpé de meurtres. Il doit comparaître samedi devant le tribunal du district de Christchurch. Deux autres hommes étaient toujours en garde à vue sans que l'on sache ce qui leur est reproché.
Le principal suspect a publié un "manifeste" raciste sur les réseaux sociaux avant de passer à l'action, où il semble s'inspirer de théories populaires dans les milieux d'extrême droite selon lesquelles les "peuples européens" seraient "remplacés" par des populations non-européennes immigrées. Le document détaille deux années de radicalisation et de préparatifs avant le passage à l'acte.
"Il est clair qu'on ne peut que décrire cela comme une attaque terroriste", a déclaré Mme Ardern. "Pour ce que nous en savons, (l'attaque) semble avoir été bien planifiée".
Deux engins explosifs artisanaux ont été découverts dans une voiture et neutralisés, selon la police.
A Sydney, le Premier ministre australien a décrit le tireur comme un "violent extrémiste de droite".
"Couverts de sang"
Les deux cibles étaient la mosquée Masjid al Noor dans le centre de la ville -- où 41 personnes ont péri, selon la police-- ainsi qu'une seconde mosquée, à Linwood, dans la banlieue, où sept personnes sont mortes. Une victime a succombé à l'hôpital.
Une cinquantaine de blessés touchés par balles ont été hospitalisés. D'après la Première ministre, une vingtaine sont dans un état grave.
Parmi les morts figureraient des femmes et des enfants.
Un Palestinien présent dans l'un des lieux de culte a raconté qu'il avait vu un homme être abattu d'une balle dans la tête.
"J'ai entendu trois coups de feu rapides et après environ dix secondes, ça a recommencé. Cela devait être une arme automatique, personne ne pourrait appuyer sur la gâchette aussi vite", a dit cet homme à l'AFP sous couvert de l'anonymat. "Puis, les gens ont commencé à sortir en courant. Certains étaient couverts de sang".
Les images du tireur sont "extrêmement pénibles", a prévenu la police néo-zélandaise. Les autorités ont averti les internautes qu'ils pourraient encourir jusqu'à 10 ns de prison en cas de partage.
Outre la vidéo, dont l'AFP a vérifié l'authenticité mais qu'elle ne publiera pas, des photos liées au tireur ont été postées sur les réseaux sociaux montrant des armes semi-automatiques recouvertes des noms de personnages de l'histoire militaire, dont des Européens ayant combattu les forces ottomanes aux 15e et 16e siècle.
L'attaque a provoqué une onde de choc en Nouvelle-Zélande, pays de cinq millions d'habitants dont seuls 1% s'identifient comme musulmans. Le pays ne recense qu'une cinquantaine de meurtres par an et s'enorgueillit d'être un endroit sûr et accueillant.
Meurtres de masse rarissimes
Les forces de l'ordre avaient imposé un bouclage de la ville avant de lever les mesures quelques heures plus tard. La police a demandé aux fidèles d'éviter les mosquées "partout en Nouvelle-Zélande".
Le pays a relevé son niveau d'alerte à la sécurité de bas à élevé.
Par mesure de précaution, l'armée a fait exploser deux sacs qui semblaient abandonnés près d'une gare d'Auckland. La police s'est également rendue sur une propriété ayant un rapport avec l'attaque et le voisinage a été évacué.
Un témoin a raconté au site internet d'information Stuff.co.nz qu'il était en train de prier à la mosquée Masjid al Noor sur l'avenue Deans quand il a entendu des tirs. En prenant la fuite, il a vu sa femme morte devant l'édifice religieux.
Un autre homme a dit avoir vu des enfants se faire abattre. "Il y avait des corps partout".
Un témoin a expliqué à Radio New Zealand qu'il avait entendu des coups de feu et vu quatre personnes gisant au sol, "avec du sang partout".
L'équipe de cricket du Bangladesh, un sport extrêmement populaire dans ce pays, se rendait dans l'une des mosquées au moment de l'attaque mais aucun des joueurs venus jouer un match en Nouvelle-Zélande n'a été blessé, selon un porte-parole.
"Ils sont en sécurité. Mais ils sont en état de choc. Nous avons demandé à l'équipe de rester confinée dans son hôtel", a-t-il dit à l'AFP.
Les meurtres de masse sont rarissimes en Nouvelle-Zélande, qui a durci ses lois sur le port d'armes en 1992, deux ans après qu'un homme souffrant de problèmes psychiatriques eut tué 13 personnes sur l'Ile-du-Sud.